ALBUM / Fiction documentaire – Dès 8 ans
de Gwenaëlle ABOLIVIER
Illustrations de ZAÜ
Éditions Hongfei – 15,50€
1916, deux ans que la guerre fait rage et les pertes humaines sont nombreuses !
La France et le Royaume Uni se tournent « vers la Chine pour recruter une main d’œuvre indispensable ».
Ce sont donc des civils, 140 000 travailleurs volontaires qui débarquent en France après un voyage de plusieurs mois depuis la Chine.
Ils ont signé des contrats de travail qui ne seront que rarement respectés.
Ils seront regroupés dans des camps de travail et affectés aux tâches les plus rudes et participeront à l’effort de guerre.
Wei, c’est ce jeune homme dont on ne sait d’où il vient « vêtu d’un habit bleu de nuit et les cheveux noirs de jais».
Petit à petit, on apprend qu’il est « beau comme un prince, pauvre comme un paysan, les poches vides et des rêves pleins la tête », qu’il est arrivé en France par bateau avec ses frères, alors tout heureux à la pensée d’avoir enfin une vie plus agréable que dans son propre pays !
Gwenaëlle Abolivier a créé le personnage de Wei pour symboliser tous ces hommes pauvres qui ont quitté leur campagne, leur pays, leur famille, espérant une vie meilleure et « loin d’imaginer la guerre et le sort terrible qui les attendaient. »…
C’est sous la forme de strophes en vers libres qu’elle a choisi de nous raconter cette histoire.
Pour marquer la conscience du lecteur, elle l’interpelle : « Te souviens-tu… »
Pour que son histoire reste gravée dans sa mémoire, elle rythme son récit d’anaphores, de répétitions :
« Combien de jours combien de nuits, combien de lunes… »
« Ils ont embarqué sur un navire
Ils ont dansé et chanté sur les flots….
Ils ont eu le temps depuis la Chine »
Ces strophes sont la plupart du temps courtes et écrites sur fond blanc, leurs mots sont percutants, frappant l’imagination du lecteur, d’autant plus qu’ils sont appuyés par les superbes illustrations de Zaü qui, de son pinceau-plume à l’encre noire, nous plonge dans l’atmosphère de cette descente dans l’enfer de la guerre.
Quelques touches de couleur suffisent, un peu de rouge, de parme et surtout la couleur de cette terre que ces hommes ont charriée, ont creusée et dans laquelle certains ont été inhumés.
C’est d’ailleurs le cimetière chinois de Nolette en baie de Somme où 849 d’entre eux sont enterrés qui a inspiré l’auteur de cette fiction-documentaire.
Mais, plus proche encore de nos jeunes lecteurs de Boulogne, le cimetière de Saint Etienne-au-Mont, près de Boulogne-sur-Mer, témoigne de cette présence chinoise.
Un dossier documentaire avec des photos complète le sujet et clôt l’album.
Un hommage intelligent et sensible à ces travailleurs chinois dont l’histoire est peu ou mal-connue des jeunes lecteurs.
Un coup de cœur !
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