ALBUM – Dès 8 ans
de Franck PRÉVOT
Illustrations de Stéphane GIREL
Éditions Hongfei – 16,50€
Comme tous les ans, le jeune garçon, héros de cette histoire passe ses vacances chez son grand-père, un pêcheur retraité qui ne navigue plus qu’en rêve… Désormais, c’est la pêche à pied, qu’il pratique avec son petit-fils, fouillant la plage, avec soif d’aventures…
Ce jour-là, c’est un coquillage étonnant que l’enfant a trouvé, un coquillage sur lequel sont gravés les mots :
« Ecoute-moi ».
L’enfant écoute et entend des mots dans une langue qu’il ne connaît pas.
Pour lui, c’est un poème qui le touche dans tout son être.
Pour son grand-père qui lui n’entend que la mer et la tempête, le garçon récite :
« Tanni Koser Yasa Kana Dija Sebar » …et quelques vers.
Le grand-père est ému mais réclame la traduction de ce qui n’est pour lui que charabia.
Le jeune garçon qui voudrait faire partager à son grand-père l’émotion qu’il ressent se souvient alors du nom de son bateau : « L’Albatros » et pour son grand-père, il commence la traduction : Yasa , ce sera l’Albatros et il déclame :
« Enfin ce jour-ci L’Albatros aura rejoint ce jour-là
Enfin ce jour-là L’Albatros m’aura rejoint, moi
Enfin L’Albatros et moi verrons nos horizons dévoilés
Ce sera ce jour-là, ce sera moi,
Enfin je dévoilerai L’Albatros à l’océan des terres amarré. »
La nuit suivante, le poème « s’invite dans son sommeil » et lui parle.
Il le félicite parce qu’il a trouvé les mots qui ont tant plu à son grand-père et lui demande de continuer car ce « poème naufragé » qui vient de si loin, aimerait retrouver ses racines.
Il voudrait savoir d’où il vient, mais surtout, il invite l’enfant à être « cet humain qui aime et qui navigue », à voyager en « poésie », à créer par ses mots des liens entre là-bas et ici, à transmettre son écoute du monde…
Franck Prévot, l’auteur de superbe album, nous invite à assister à la naissance d’un poème à travers cette métaphore de l’enfant qui s’émancipe, crée et « s’envoile » par les mots.
Il rend hommage à la poésie, libre de toute frontière et qui appartient à tous les poètes.
Il a d’ailleurs glissé dans son texte des mots empruntés à certains de ces poètes connus : Baudelaire, Verlaine, Queneau…
Des images superbes illustrent chaque page avec beaucoup de douceur dans des tons proches de la couleur de la mer, des bleus, des verts, mais aussi de celles du sable et des coquillages, du roux, du beige, du blanc et même du violet.
Au centre, les pages du livre se déplient, dévoilant sur quatre pages cette mer commune à tous les hommes et dont les mouvements des vagues sont comme des mots calligraphiés…
C’est superbe !
Avis
Il n’y a pas encore d’avis.