ALBUM – Dès 7 ans
écrit par Ludovic FLAMANT
Illustrations de Sara GRÉSELLE
Éditions Versant Sud Jeunesse – 14,50 €
Par une nuit glaciale, Sébastien, un sans-abri, se prépare à passer la nuit dehors. Il déniche quelques cartons dans une poubelle pour se faire un abri. Recroquevillé sur ses cartons et sous sa couverture, la tête posée sur son sac plastique contenant ses seules richesses, il s’endort.
Une fois endormi, Sébastien rêve et devient alors l’ours Bastien : « Bastien, c’est un peu le rêve de Sébastien, la chaleur de son corps qui s’en va faire un tour… ».
L’animal arpente les rues de la ville endormie à la recherche de nourriture. Au cours de son errance, il rencontre d’autres marginaux : une femme promenant ses chiens, un musicien de rue terrorisé qui essaie de l’amadouer en jouant du violon. Bastien se met à danser. Un attroupement se forme alors mais un sifflet strident interrompt ce moment de chaleur humaine…
Un album émouvant qui parle d’un thème peu exploité car difficile à aborder avec des enfants, celui de la pauvreté, de la précarité, des « marginaux ».
Le texte minimaliste, sans propos moralisateur, exprime parfaitement la dure réalité mais grâce au rêve et à l’imaginaire, cette réalité devient plus supportable.
Les magnifiques illustrations ont été réalisées à partir de photos.
Elles sont à la fois saisissantes de réalisme et pleines de poésie.
Crayonnées en noir et blanc avec quelques touches de brun rosé et de vert pastel, elles sont présentées dans des médaillons ovales. On croirait feuilleter un album photos.
Seules les deux représentations de la ville (Bruxelles où vivent les auteurs) occupent une double page, identiques à l’exception d’une usine qui disparaît, remplacée par des rangées d’arbres blancs dans la seconde… « photographie » de la pensée de Bastien…qui rêve à son tour…
Les émotions des personnages sont également superbement évoquées : souffrance, peur, colère mais sourire aussi…
L’« avatar » de Sébastien, cet ours Bastien sorti du rêve du SDF qui arpente en roi (il trouve même une couronne dans une poubelle) les rues de la ville, symbole de force tranquille et d’invincibilité, s’oppose à la solitude, à la fragilité et au dénuement de l’homme recroquevillé sur son carton…
Un magnifique album, touchant, poétique et mâtiné d’une touche de surréalisme, qui interpelle, pour ébaucher une réflexion sur un sujet dur mais malheureusement d’actualité.
Un coup de cœur d’Opalivres ♥ !
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