AUTOBIOGRAPHIE – Dès 15 ans *
de George SAND
Textes abrégés par Constance Robert-Murail
Préface de Marie-Claude Murail
Editions L’École des Loisirs – Collection (Classiques abrégés) -11€
En 1847, alors âgée de 42 ans, George Sand commence à écrire son autobiographie, Histoire de ma vie.
La rédaction de cette œuvre lui prendra huit années. Nous y découvrons comment Aurore Dupin est devenue écrivain sous le nom de George Sand et une des premières femmes à écrire une autobiographie !
La majeure partie de l’œuvre se situe dans l’enfance et l’adolescence de l’écrivaine et le regard de George Sand sur sa vie est d’une grande modernité.
Elle confie ses origines – arrière-petite-fille du maréchal de Saxe par son père et fille du peuple par sa mère – née d’une relation jugée scandaleuse à l’époque, et elle y trouve l’origine de la femme qu’elle deviendra.
Sa petite enfance à Nohant, les conflits familiaux, la mort bien trop précoce et soudaine de son père, les tensions suite à sa disparition, l’amour excessif et pas toujours juste d’une mère et d’une grand-mère rivales, les années de couvent entre diableries et exaltations propres à l’adolescence, George Sand évoque avec une précision inouïe les souvenirs de ce passé à l’origine d’une mélancolie qui l’accompagnera toute sa vie (et d’une tentative de suicide à l’âge de 17 ans).
Si l’enfance pèse lourd dans cette Histoire de ma vie, George Sand expose ses idées progressistes (pour une femme de cette époque) sur les classe sociales, les injonctions de la société, le rôle de la religion, la condition des femmes et le prix de leur indépendance… Elle deviendra une femme libre et émancipée, à titre personnel et professionnel.
La spontanéité et la lucidité de son regard donne à voir la femme moderne qu’elle était et que cet extrait traduit parfaitement :
« Être artiste ! oui, je l’avais voulu, non seulement pour sortir de la geôle matérielle où la propriété, grande ou petite, nous enferme dans un cercle d’odieuses petites préoccupations ; pour m’isoler du contrôle de l’opinion en ce qu’elle a d’étroit, de bête, d’égoïste, de lâche, de provincial ; pour vivre en dehors des préjugés du monde, en ce qu’ils ont de faux, de suranné, d’orgueilleux, de cruel, d’impie et de stupide ; mais encore, et avant tout, pour me réconcilier avec moi-même… »
Très intéressant mais très long et fourni de détails pour un lectorat adolescent ou jeune adulte qui n’aurait pas un intérêt particulier à se pencher sur la vie et l’œuvre de George Sand.
C’est peut-être George Sand qui est la plus à même de justifier la lecture de son œuvre : « Écoutez ; ma vie, c’est la vôtre ; car vous qui me lisez, vous n’êtes point lancés dans le fracas des intérêts de ce monde, autrement vous me repousseriez avec ennui. Vous êtes des rêveurs comme moi. Dès lors tout ce qui m’arrête en mon chemin vous a arrêtés aussi. Vous avez cherché, comme moi, à vous rendre raison de votre existence, et vous avez posé quelques conclusions. Comparez les miennes aux vôtres. Pesez et prononcez. La vérité ne sort que de l’examen. »
Mais pour des jeunes d’aujourd’hui, la réalité de Georges Sand est à mille lieux de leur vie.
C’est une œuvre de maturité d’une visionnaire mais une visionnaire d’une autre époque. La préface de Marie-Aude Murail est une entrée en matière merveilleuse, à lire sans en manquer une ligne !
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