ALBUM – Dès 9 ans
D’Élisabeth BRAMI
illustrations de Bernard JEUNET
Éditions Courtes et Longues – 19.50 €
« On est parti sans fermer à clef. Maman pleurait »
C’est ainsi qu’Elie commence son récit.
Il a 7 ans et sa vie a basculé le jour où un ami de ses parents qui est agent de police est venu les voir.
Elie a entendu parler de « Ralph », « Yves », des noms qui ne lui disaient rien.
Pourtant, c’est après cette visite qu’ils ont quitté précipitamment Paris pour la campagne et qu’Elie est resté seul dans la ferme des François.
Ses parents lui ont promis de venir le rechercher.
Ils ont dit que ce serait en quelque sorte des vacances, mais avec des consignes : désormais, il s’appelle Emile et il est chez son oncle et sa tante.
Elie/Emile ne comprend pas la situation, l’enveloppe remise par ses parents aux François, l’étoile jaune qui a été décousue rapidement.
Il ne veut pas rester dans cette ferme, la tendresse de ses parents lui manque.
Il a peur de tout, peur du maître, de la voisine qui l’espionne. Pourtant, la vie continue avec des moments de joie, comme la rencontre avec Mariette, mais aussi de tristesse et de solitude.
Deux années passent, ses parents ne sont pas toujours venus le chercher…
L’ont-ils oublié ?
Un jour, il quitte la ferme pour tenter de les retrouver mais en chemin, il passe à côté d’une grande maison et croise deux camions bâchés…
Ce jour-là du haut de ses presque 9 ans, Elie/Emile va comprendre…
C’est un album d’une grande sensibilité.
L’histoire de ce petit garçon qui perd tous ses repères, qui ne comprend pas ce qui lui arrive, qui pleure l’absence des siens est bouleversante.
A travers elle, on pense à tous ces enfants cachés et à ceux qui ont été déportés comme ceux de la maison d’Iizeu auxquels est dédié l’album.
On pense aussi à la douleur des parents, contraints de laisser leurs enfants, pour les sauver.
Ce n’est pas le premier album qui aborde le sujet, mais celui-ci est particulièrement original dans sa forme, puisque c’est la rencontre avec les œuvres de Bernard Jeunet, des mises en scène de sculptures de papier, à la fois belles et étranges, qui a donné à Elisabeth Brami l’envie d’écrire ce texte.
Cette interaction donne une grande force à la fois émotionnelle et artistique à l’album.
Quand on referme le livre, l’émotion reste présente.
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