DOCUMENTAIRE – Dès 10 ans
De Frédéric RÉGENT
Éditions de La Martinière Jeunesse – Collection (Le monde raconté aux enfants) – 14,90€
Voilà un grand livre documentaire illustré qui s’organise autour d’une centaine de photographies pour plonger le lecteur jeune ou moins jeune dans les réalités complexes du fait « esclavagisme ».
La richesse iconographique des tableaux, lithographies et artefacts autour desquels s’organise la démarche et le papier glacé donnent à l’ouvrage une certaine solennité qui est la marque de cette collection.
Trente-cinq questions sont développées chacune dans un dossier de deux pages.
Ce sont les documents qui parlent et ce sont d’abord sur eux qu’il faut se pencher.
Les textes, écrits simples et très didactiques, ne sont que des guides de lecture qui sont là pour situer le document et permettre de donner du sens et d’avoir une approche plus globale.
Le jeune lecteur peut tout à son gré choisir l’une ou l’autre de ses approches.
L’album s’ouvre sur une affirmation très forte « L’esclave est un être humain dont la liberté appartient à une autre personne… son maître ! ».
L’auteur tient à affirmer l’universalité de l’esclavage qui s’est développé dès que sapiens s’est fixé, s’est sédentarisé et est devenu riche…
En 2600 avt JC, on vend sa maison avec et son esclave…
En 1750 avt JC, le Code Hammurabi distingue trois catégories de personnes : les hommes libres, les paysans pauvres et les esclaves !
En 100 avt JC, Spartacus est à la tête d’une révolte d’esclaves et se pose, les armes à la main, en défenseur de la liberté !
L’album n’entend pas être exhaustif mais veut surtout faire vivre l’esclavagisme pratiqué dans les territoires dominés par les européens du XV° à la fin du XIX° siècle.
Dossier après dossier, le jeune lecteur va découvrir comment la France, l’Angleterre et la Hollande vont coloniser les Antilles et exploiter les richesses de ces pays en organisant une traite négrière qui va nourrir un fructueux commerce triangulaire.
Dans cette course à l’exploitation des richesses des Antilles, les armateurs vont bientôt se faire planteurs puis propriétaires terriens à la tête d’une armée d’esclaves.
C’est tout un monde qui se crée et que nous pénétrons dossier après dossier :
– le monde hiérarchisé de la plantation avec le commandeur, les esclaves à talent et les cultivateurs
– les esclaves en ville côté port et côté centre
– la vie des femmes esclaves
– la vie des enfants
– les mères et les filles au marché aux enfants
– les esclaves et la religion
– les esclaves chez les pirates et les corsaires
– le code des noirs
– les outils de la torture dont l’horreur s’incarne dans des photos en noir et blanc qui deviennent un outil au service de la lutte pour l’émancipation puis l’abolition.
Côté maître, les documents sont des tableaux de peintres aux couleurs qui respirent la sérénité.
Côté esclaves, les documents sont des lithographies qui donnent dans toutes les nuances du gris et du noir qui trahissent le tourment.
Les derniers traitent des façons d’échapper à l’esclavage par la fuite, la révolte, par l’affranchissement, contre de l’argent…
En France, l’esclavage est supprimé par la Convention le 4 février 1794 puis rétabli par Napoléon1°, le 16 juillet 1802 avant d’être définitivement aboli en 1848.
L’esclavage est aujourd’hui illégal et dénoncé par toutes les conventions internationales.
Cependant, l’OIT rappelle que l’on considère qu’il concerne encore 40 millions de personnes et en 2016, le monde entier a été choqué d’apprendre que l’on pouvait encore s’acheter une personne pour le prix d’un téléphone portable !
Voilà un excellent album qui brille par l’excellence des documents qui le structurent et le souci d’appréhender tous les aspects d’un phénomène complexe qui n’en finit pas de trouver un écho dans notre société dite moderne !
Un coup de cœur d’Opalivres ♥ !
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