ROMAN – Dès 10 ans **
écrit et illustré par Eugène YELCHIN
traduit de l’américain par Maurice LOMRE
Éditions L’école des loisirs – Collection (neuf) – 13,50 €
Eugène YELCHIN raconte l’enfance de Yevgeny, le narrateur, dans l’U.R.S.S. d’après-guerre.
Les conditions de vie y sont difficiles, surtout pour des Juifs.
La famille, composée des parents, des deux fils et de la grand-mère vit dans une seule pièce dans un appartement collectif où il faut partager toutes les commodités, et subir la présence d’un espion du KGB.
Et c’est ainsi que couché sous la table, Yevgeny occupe ses insomnies en dessinant sous le plateau de celle-ci. Dans cette promiscuité, l’enfant entend les chuchotements de ses parents qui s’inquiètent de son manque d’un talent quelconque car « Le talent te permet d’être libre. De vivre une vie meilleure. D’avoir un appartement à soi. De posséder une voiture. De voyager à l’étranger. »
Alors, le père de Yevgeny essaie d’en faire un poète comme lui, et sa mère voudrait en faire un danseur à l’image de son idole Baryshnikov.
Avec beaucoup d’humour et s’inspirant de son enfance, Eugène YELCHIN présente la situation en U.R.S.S. dans l’après-guerre quand les artistes invités à l’étranger « font défection ».
Il l’illustre aussi en noir et blanc de façon très claire et drôle. Tout y est, expliqué par le grand frère au narrateur qui découvre les différences de traitement des Soviétiques selon leurs appartenances. L’enfant ne comprend pas toujours bien pourquoi il faut aller voir Lénine dans son mausolée, pourquoi il faut faire attention à toujours se taire, pourquoi certains visages sont découpés dans les albums photos familiaux, « pourquoi les poètes ne vivent pas très vieux », pourquoi sa mère n’a pas pu devenir ballerine, pourquoi il voyait Baryshnikov depuis les coulisses de l’opéra et pourquoi on ne parlait plus de lui en U.R.S.S. alors qu’il était adulé aux États-Unis.
Heureusement, ce témoignage a la fraîcheur de l’enfance et le livre se termine sur une note optimiste. « Mais on croisait aussi d’autres regards à Léningrad… des yeux qui brillaient de curiosité et de passion, des yeux qui aspiraient à autre chose qu’à notre terne existence. »
Avis
Il n’y a pas encore d’avis.