ROMAN – Dès 10 ans *
De Bryndis BJORVINSDOTTIR
Éditions Bayard jeunesse – 11.90 €
Le début du livre évoque le fait qu’une guerre s’est brusquement terminée : on s’arrache les journaux qui présentent en première page la photo d’une mouche ! Le narrateur nous place alors dans le raisonnement de celles qui sont posées sur le papier et s’estiment être les seules à savoir ce qui s’est vraiment passé. Elles racontent…
Fuyant des humains qui ne les toléraient plus, trois mouches se réfugièrent au Népal car elles avaient appris que les moines y respectent la vie sous toutes ses formes.
Cependant, après un moment heureux passé dans ce havre de paix, elles trouvèrent égoïste d’ignorer le reste du monde. Comment oublier qu’en Inde proche la guerre avait commencé de détruire la ville si plaisante traversée à l’aller ?
Elles y retournèrent donc et s’unirent avec leurs sœurs locales pour neutraliser armes et dictateur avec des moyens pacifiques.
Leur récit nous fait vivre les faits en leur compagnie car ces dames parlent, sont instruites, réfléchissent, ont des principes, observent les gens et les lieux.
Le voyage comme le combat supposent de l’organisation et de l’à-propos, sans compter qu’il faut se nourrir ! Le lecteur voit donc le monde par leurs yeux (en grande largeur) et admire leur perspicacité et leur sens moral.
La fin ? Grâce à leurs manières… de mouches, réinterprétées pour la cause, elles obturent les viseurs et l’une d’elles se sacrifie en s’engouffrant dans le gosier du commandant !
L’auteur prend ici le contrepied de la macabre symbolique négative, héritée de la mythologie et utilisée par Sartre en 1943 (synonyme de repentir obsessionnel, de tyrannie de l’occupant) ou Golding en 1954 (idolâtrie barbare de Sa Majesté des Mouches liée à une dérive totalitaire). Ce sont au contraire la vivacité, l’ardeur et l’intelligence (voir les récents travaux de neurobiologie sur le sujet) de l’insecte qui sont valorisées pour nous donner l’exemple de ce que chacun de nous, bien que minuscule à l’échelle des conflits mondiaux, peut tenter.
On pense à l’homme debout, seul, qui arrêta un char… ou à celui qui contrairement à la foule ne leva pas le bras pour saluer le Führer…
Une façon originale de traiter l’actualité en la mettant à la portée des plus jeunes par le biais d’une aventure.
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