BIOGRAPHIE/DOCUMENTAIRE/BANDE DESSINÉE – Dès 10 ans
CÉKA pour le scénario
Béatrice MERDRIGNAC pour les pages documentaires
Léo CHÉREL pour le dessin et les couleurs
Éditions Petit à Petit – 19,90€
En mai 1428, la jeune Johannette de Mouthon ou Johannette de Romée quitte Domrémy, son village natal afin d’accomplir son destin «d’envoyée de dieu» pour rétablir le dauphin Charles dans ses droits à la couronne et «bouter les anglais hors de France».
Trois ans plus tard, le 30 mai 1431, elle est brûlée vive à Rouen et entre dans la légende sous le nom de Jeanne d’Arc avant de devenir un mythe fondateur de notre roman national.
C’est l’histoire de ces trois années que ce splendide « docu- BD historique » entreprend de mettre en scène selon un scénario en quinze épisodes qui se nourrit autant des acquis de la recherche historique que des légendes qui ont nourri le mythe.
Cette plongée dans l’histoire est précédée d’une galerie de vingt portraits de personnages pas tous recommandables et dont la diversité veut nous persuader que rien n’est simple dans le destin de Jeanne.
Vient ensuite la carte des épisodes.
Chacun est lié à une date et à un lieu de l’histoire. Le titre a toujours valeur d’accroche et invite au questionnement à partir d’un exposé historique très clair sur la situation du moment et les éclairages que peut apporter la recherche historique.
C’est la BD qui met en scène chacun des épisodes. Le dessin est rugueux, féroce et excelle dans l’art d’exprimer la violence des scènes de batailles. Ni fille ni garçon, le visage de Jeanne exprime toujours la hargne et la détermination du combattant. La multitude a toujours un visage, celui de la misère, de la colère ou le regard de ceux qu’on enferme dans la superstition. Les plus puissants sont affublés des stigmates du cynisme et de l’arrogance et que dire de la haine et de l’acharnement des juges lors des procès de Rouen !
Dans cette dramaturgie le rôle du « récitant » revient aux encadrés, à eux, d’attirer l’attention sur les idées forces par la répétition « difficile d’être une femme dans un monde d’hommes au Moyen âge… » pendant que les dialogues des bulles se parent de tournures en vieux français pour donner à tout cela une couleur médiévale.
De ce remarquable travail émerge l’image d’un royaume de France transformé en un immense champ de bataille en passe de devenir terre anglaise où le dauphin résiste sans parvenir à s’imposer.
Mais voilà Jeanne habitée par une foi chrétienne sans concession.
Rebelle à son père qui veut qu’elle « épousaille le fillot Lebun.. » alors que des voix divines l’appellent au service du dauphin.
Elle va fuguer, mettre son projet à exécution et, un à un, lever obstacles qu’on met en travers de son chemin.
Matrones locales et royales établiront qu’elle est femme et vierge puis elle subjuguera les représentants du clergé par ses connaissances théologiques et ils concluront qu’elle n’est pas sorcière.
Mais c’est en homme qu’elle part rejoindre le dauphin à Chinon !
La geste de Jeanne commence !
Forte de son aura divine, d’une foi qui la transcende et d’une volonté de fer on va la voir se jouer des intrigues de cour, bousculer les conseillers du roi et se voir bientôt à la tête de « l’ost royale » où, plutôt que la science militaire qui mène à la défaite, elle impose l’espérance qui mène à la victoire !
La chance aidant la voilà qui libère Orléans et réussit, au nez et à la barbe des anglais et des bourguignons, à faire sacrer Charles VII Roi de France.
Et ensuite ?
Pour le roi, est venu le temps de la diplomatie.
Pour Jeanne, il faut poursuivre la guerre ce qu’elle va faire seule ou presque…
Voilà venu le temps des échecs, des blessures, des abandons…
Pour évoquer cette longue marche vers le bûcher, la bande dessinée se fait shakespearienne et pathétique.
Jeanne implore son dieu et ses saints qui ne lui disent plus rien.
Voilà venu le temps de la trahison.
Ils sont au moins douze à vouloir sa mort par pensée, par action ou par omission…à moins que Jeanne dans son délire divin ne signe elle-même son arrêt de mort !
La voilà dans la prison dont elle s’évade par deux fois.
La voilà devant ses juges. Ce n’est pas son engagement politique et militaire que l’on juge (ce type de problème se règle par le paiement d’une rançon….) mais la femme hérétique et « sorcière » qui s’habille en homme !
Le 30 mai Jeanne meurt dans les flammes, ses cendres sont dispersées dans la Seine.
Plus tard la folle rumeur de son cœur retrouvé intact commencera à circuler !
Le temps des reliques et de la légende commençait…. Le mythe demeure par-delà le temps…
Un formidable outil pédagogique, complet, clair, précis et à la présentation attrayante par l’alternance des petites bandes dessinées, des encarts anecdotiques et des « questions-accroches » qui rythment la « grande » histoire !
Un coup de cœur d’Opalivres ♥ !
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