Esclaves et négriers

Cet ouvrage documentaire s’inscrit parfaitement dans le souci désormais affiché par la loi de sortir l’esclavage des oubliettes de l’histoire pour inscrire ses réalités dans une mémoire partagée.
L’ouvrage de conception très classique a une rigueur et une austérité quasi encyclopédiques.

60 articles organisés chacun en double page avec accroches, encarts, planches, frises, renvois lexicaux et recours aux ressources de l’art et du document permettent de dérouler une fresque multiple qui va constamment de la chronologie au thématique, du général à l’anecdote, dans un panorama qui court de la préhistoire aux réalités de l’histoire la plus contemporaine.

Rien n’est laissé dans l’ombre, tout suscite la curiosité et l’intérêt pour faire sens :
On y découvre aussi bien qu’à Athènes, on louait (cher !) un esclave comme on loue aujourd’hui une voiture, que Rome à son apogée comptait deux millions d’esclaves, qu’au XVIII° siècle, les esclaves africains étaient une composante d’un commerce mondialisé tenu par des multinationales aux mains des Etats ( la Compagnie des Indes) depuis tous les plus grands ports européens.

Nous vivons le voyage des esclaves depuis la tribu africaine jusqu’à leur mise à prix en Amérique en passant deux à trois mois à bord du navire négrier…Nous vivons les révoltes (Spartacus…Toussaint Louverture…) , les ambiguïtés des lois abolitionnistes, le sulfureux trafic des esclaves vers les territoires de l’océan indien et le monde musulman, les formes d’esclavage qui perdurent malgré les contraintes du droit international (le travail des enfants et des femmes dans les ateliers clandestins, les enfants soldats aux prises avec les milices ou les mafias…)

On notera enfin la qualité de l’index, du lexique et une remarquable chronologie des abolitions qui court de 1787, date à laquelle se crée une société pour la suppression de l’esclavage en Angleterre à 1992, date à laquelle l’esclavage est aboli au Pakistan.

L’album est complété d’un DVD documentaire de bonne facture qui montre le cheminement de la recherche historique et des archéologies à travers les travaux des équipes de l’auteur pour faire revivre le destin des esclaves abandonnés sur l’îlot Tromelin en 1761 dans l’Océan Indien.