ROMAN – Dès 7 ans *
De Colas GUTMAN
illustré par Marc BOUTAVANT
Éditions L’école des loisirs – Collection (Mouche) – 8 €
La série des « Chien Pourri » met en scène un anti héros dont les expériences sont identiques à celles d’un enfant : l’école, Noël, l’amour, la plage, un voyage, déjà parus et cette fois, la ferme.
En tant que puant sac à puces bête et moche, vivant dans une poubelle, le chien au grand cœur dit et fait tant de bêtises que les plus jeunes lecteurs anticiperont les corrections formulées par Chaplapla (son copain chat écrasé autrefois un soir de fête mais qui sait tout).
La lecture au premier degré est simple.
Pour aider une petite orpheline perdue à retourner chez son employeur – Géant vert – Chien pourri et ses amis quittent la ville et se rendent à la campagne ; ils en découvrent le paysage, font la connaissance des animaux de la ferme ainsi que de leurs problèmes et tout finit bien. Le texte fourmille de jeux de mots : beaucoup de calembours, expressions toutes faites, comptines détournées sont facilement compréhensibles.
Parallèlement, l’auteur a généreusement pensé à l’amusement des plus grands, seuls capables de décrypter le sens masqué du livre.
Nombre d’allusions à l’actualité rurale, sous-jacentes, supposent une lecture et un regard attentifs (exemples en note). Si parodie et polysémie (vert, perdu, mettre en boîte, petite poucette, nous irons sous-bois…) sont souvent transparents, « l’étable de la loi » par exemple est nettement plus difficile à saisir quand on a 6 ans.
Sous son aspect ludique, ce livre certes loufoque, drôle, est manifeste(ment) évocateur du combat de ceux qui mettent les pieds dans la rude gadoue… il montre aussi une adoption inversée…
Quelques exemples:
– Le géant vert : géant=méchant traditionnel des contes, mais géant vert est aussi une marque de conserves de légumes américaine (nutrition saine = ? / problème des importations)
– Le panneau publicitaire : témoigne de la lutte entre grandes surfaces et petits agriculteurs (bio, expropriations). En haut « deuxveaux » évoque le monopole du secteur par Decaux.
– La vignette du chapitre 2 : imite une portion de fromage mais aussi le V de la victoire choisi par la maison BEL après la guerre (et aussi le général De Gaule issu de son découpage ?)
– La ferme aux poulets Mille-Pattes parodie celle des mille vaches et les conditions sanitaires de l’élevage (cf. la béquille, l’aile basse). Plus loin on remarquera les volailles ligotées…
– La boîte bue à la paille (p.41) associe le coca-cola deviné au nom d’un désherbant connu
– Les affiches p.32 et 40 concernent les OGM et les pesticides
– La pyramide finale sur l’âne est celle d’acrobates au cirque (dérision et fin de spectacle)
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