ALBUM – Dès 8 ans **
De Géraldine ELSCHNER
illustré par Antoine GUILLOPÉ
Éditions L’élan vert – Collection (Pont des Arts) – 14.95 €
Ce nouvel album de la collection Pont des Arts est un vibrant hommage à Alberto Giacometti et en particulier à deux de ses œuvres en bronze emblématiques de son travail : L’Homme qui marche (1960) et Le Chien (1951).
Les sculptures sombres, décharnées, longilignes, en mouvement de Giacometti se prêtent bien à l’invention de cette histoire imaginée par Géraldine Elschner.
Celle de migrants (un père et son jeune fils) jetés sur les routes, balancés sur les flots dans une embarcation indigne et vite séparés par le tumulte de la mer.
Celle de ce chien, ange gardien, arrivé dont ne sait où, pile au bon moment, pour réveiller, réchauffer, calmer le désarroi de l’enfant, le protéger, l’aider à survivre en attendant qu’il retrouve son père.
Celle du père, fou d’angoisse, cherchant inlassablement à retrouver la trace de son fils.
Histoire touchante, magnifiée par les illustrations en noir et blanc d’Antoine Guilloppé qui joue avec les ombres dégingandées de ses personnages, qui joue avec le flou maigre et disproportionné des sculptures de l’artiste.
Le fond blanc des premières pages, s’assombrit au moment du drame puis laisse la place à des aplats colorés comme autant de promesses d’amélioration de la vie des personnages.
La double page où le père et le fils se retrouvent explose du rouge de l’émotion contenue, de la joie des retrouvailles.
Le chien, fidèle, peu exigeant, en retrait désormais (après avoir rempli son rôle), est le compagnon de route de ces deux-là qui cheminent, on l’espère, vers un ailleurs apaisé…
Le texte, poétique et bien écrit, est presque rendu inutile par la pertinence de l’illustration.
Un bémol cependant: les animaux surdimensionnés ajoutés par l’illustrateur n’apportent pas grand chose au sujet.
Mais bravo à l’auteure pour cette histoire, malheureusement trop bien ancrée dans notre époque, qui est particulièrement pertinente, en phase avec le ressenti des œuvres de Giacometti et qui apporte un éclairage, une touche supplémentaire d’humanité à celles-ci.
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