ALBUM – Dès 8 ans **
de Ruth VANDER ZEE
illustré par Robert INNOCENTI
traduit de l’américain par Christiane DUCHESNE
Editions D2eux – 15 €
- L’auteure américaine et son mari voyagent en Allemagne après un séjour d’étude à Jérusalem. Par une succession de hasards, ils font la rencontre d’une femme qui leur raconte son histoire. Une histoire si touchante qu’elle devient le sujet de cet album.
- Une mère sans illusion, dans un train de marchandises en chemin pour la déportation, profite d’un ralentissement du convoi pour jeter son bébé par la fenêtre.
La petite fille est recueillie par des villageois, et confiée secrètement à une femme qui lui donne, au risque de sa propre sécurité, identité, éducation, amour.
Erika grandit en se posant mille questions sur son passé et celui de sa famille. Questions restées sans réponse…
Des années plus tard, devenue mère puis grand-mère, Erika se confie à ce couple d’américains et leur dit combien cela compte pour elle que les siens connaissent leur origine, elle qui a toujours souffert de ne rien savoir de la sienne, par la folie de l’idéologie nazie.
L’histoire d’Erika est le premier livre de Ruth Vander Zee. Il a été suivi de plusieurs autres. Edité initialement en 2003, l’album qui parait aujourd’hui chez le même éditeur, bénéficie à la fois d’une nouvelle traduction et d’une nouvelle illustration.
Ce témoignage émouvant recueilli un demi-siècle après les faits, montre combien les plaies sont restées vives même si, solidarité et amour ont permis à Erika une certaine résilience.
Constitué de nombreux petits chapitres émaillés d’étoiles de David, écrits à la première personne du singulier, le style est simple, limpide, percutant.
Les illustrations hyper réalistes sont magnifiques. En particulier, celles qui évoquent le passé. De teintes sépia, elles ne laissent apparaitre que quelques taches de couleur (le doré des étoiles des vêtements, le rose de la couverture du bébé). Le train, présent sur de nombreuses pages, sous des angles très différents, artisan du malheur, semble menaçant, écrasant.
Les images qui se déroulent à notre époque sont en couleurs. La dernière page nous montre encore un train de marchandises et nous invite à nous interroger : Erika est-elle la vieille femme en train d’étendre sa lessive ou la petite fille qui regarde semble t-il avec mélancolie, s’éloigner le convoi ?
Un beau livre grave et puissant pour évoquer la shoah, avec des enfants à partir de 8 ans.
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