BANDE DESSINÉE /MYTHOLOGIE – Dès 8 ans
Dans la série « La Mythologie en BD »
Béatrice BOTTET pour les textes et la dimension scientifique
Émilie HAREL pour le dessin
Éditions Casterman– 12,50 €
Les « Super Héros ne vivent que par le regard de ceux qui se les approprient ».
Forts de ce postulat, Béatrice Bottet et Emilie Harel entreprennent avec rigueur et talent de promener un regard d’enfant sur « Les 12… et autres travaux d’Héraclès »
Comme tous les ouvrages de la série, un documentaire historique simple et précis sur les faits, les lieux et les personnages sert de toile de fond et c’est la BD qui inscrit le mythe dans un regard d’enfant.
La candeur naïve du dessin exprime sans pathos ni voyeurisme les pires turpitudes du récit et les dialogues traduisent avec talent l’état d’esprit d’une jeunesse nourrie de héros numériques, dotée d’une solide culture en science « dinosaurique », plus connaisseur de la mythologie que l’on pourrait croire et que rien n’émeut vraiment !
Comme eux, Héraclès a l’anxiété zen : « un moment de folie …et j’ai assassiné une grande partie de ma famille…comment me faire pardonner des dieux ? »
Pour eux, la ruse et l’intelligence priment la force surnaturelle de leur héros.
Dans leur regard :
-l’Hydre à neuf têtes devient un monstre tout à fait ordinaire et les juments de Diomède avalent leur maître comme une vulgaire ration d’avoine….
– la Pythie a le charme envoûtant de la sorcière de Kirikou
-le Lion de Némée se réduit à un gros chat paresseux qui ne veut pas combattre
-les Amazones, labrys à la main, se font harpies pour protéger la belle Hyppolite des charmes de notre héros (les voie d’Héra semblent parfois bien impénétrables !)…
Comme dans toutes les bonnes séries il y a un personnage récurrent et à chaque retour victorieux. Eurysthée, le crétin rabougri, trouve le salut dans
une amphore pour fuir les horreurs que véhiculent les trophées de notre héros toujours vainqueur (il n’est pas sans rappeler le sort du légionnaire romain qui croise rituellement le chemin d’Obélix !)…
12 travaux … plus les autres, Héraclès ira au bout de tout autant avec sa force qu’avec son intelligence…
C’est Déjanire qui entraînera sa perte en voulant le posséder pour elle seule.
Elle en mourra ! (on croit entendre la petite voix d’une lectrice : « Bien fait !) .
Voilà de la belle ouvrage …. Reste à essayer de juger l’accueil du jeune lecteur :
Nous avons sollicité A…. 9 ans et demi et au CM1 quand même !
Le jugement est carré et péremptoire :
«C’est bien !
C’est comme dans les lectures que nous avons faites au CE2.
Les 12 travaux sont bien dans l’ordre.
Les petits dessins sont « marrants » et on reconnaît bien les grecs comme sur les poteries.
Les personnages sont bien expliqués et on sait qu’Héraclès et Hercule sont un seul et même héros.
C’est « rigolo » de comparer Astérix et Héraclès….. ».
Notre jeune lectrice n’ira pas plus loin sur le chemin de la transposition du mythe d’Héraclès dans le monde d’aujourd’hui à laquelle nous convient les auteurs même si on sait qu’elle a mis le nez dans Harry Potter et qu’on la croit influencée par Hermione mais surtout que, depuis le dernier Star War, elle a appris que le super héros pouvait être une femme….
Alors Héraclès a sans doute trouvé une place dans la voie lactée mais peut quand même sembler un peu « vintage ».
En tout cas nous sélectionnons cet album sérieux et séduisant.
Nous le conseillons dès le CE2 , en classe de sixième puis dans les groupes de latinistes tant il est vrai que la richesse de l’ouvrage permettra de
varier les regards et de mieux appréhender l’universalité d’un héros mythique.
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