CONTE – Dès 7 ans **
De Philippe LECHERMEIER
illustré par Hervé LE GOFF
Éditions Hachette – Gautier Languereau – 14 €
« Le Manteau rouge » est une belle histoire sur la culture de la garance cette plante utilisée depuis l’Antiquité, pour teindre les tissus en rouge.
Cultiver la garance, n’est pas une mince affaire. Cela demande beaucoup de travail : l’été pour la récolte qui colore les champs en jaune, (car la fleur de garance est jaune) et l’hiver pour le travail de teinture des tissus. La teinture est obtenue à partir des racines séchées de la plante et présente alors une belle couleur rouge, intense et lumineuse, connue et utilisée depuis l’Antiquité.
Pour les aider à effectuer ce travail, les parents du narrateur, comme tous les cultivateurs du village, embauchaient des travailleurs saisonniers.
Une dizaine de ceux-ci, originaires du Grand Nord, revenaient régulièrement, pour les deux saisons et apportaient par leur présence, leur façon d’être, leurs jeux, un air de mystère, un vent d’ailleurs.
La famille du narrateur hébergeait Akupaï, un des seuls étrangers parlant la langue et qui servait d’interprète au groupe tout en travaillant dur.
Quand les hommes arrivaient pour la saison hivernale, manteau rouge teint par leurs soins, tirant des traîneaux faits de bois et d’os, ils apportaient pour chaque enfant des maisons où ils étaient accueillis, un petit jouet la plupart du temps réalisé en bois de renne, qu’ils avaient pris soin d’emballer dans une feuille de maïs.
Ce cadeau apporté chaque hiver par les hommes au manteau rouge était un rendez-vous attendu par les enfants.
Et puis un jour, la garance arrêta d’être « rentable ». D’autres teintures moins chères avaient vu le jour. Les gens du pays durent trouver de nouveaux moyens d’existence.
Plus besoin de travailleurs saisonniers.
Pour les enfants, ce fut terrible !
Mais Akupaï, fidèle d’entre les fidèles, continua à venir distribuer des petits cadeaux aux enfants, puis à passer saluer le narrateur qui, avait grandi, s’était marié, avait eu des enfants, puis des petits enfants, à son tour.
Un jour le narrateur trouva Akupaï vraiment très fatigué, très vieilli.
Découvrant après son départ, le manteau garance et les bottes en peau dans son corridor, il comprit qu’il était désormais son tour, de prendre le relais.
Aujourd’hui, en ce moment même, il se prépare pour effectuer sa mission, celle qu’il ne raterait pour rien au monde, par fidélité…
Ce livre aussi élégant que nostalgique résonne d’une manière très chaleureuse.
Il nous fait apprécier un bonheur tout simple, bien loin de la société de consommation, un bonheur réchauffé par la générosité des rencontres, des relations humaines, par le devoir de transmission aussi.
Les illustrations d’Hervé Le Goff fonctionnent comme des tableaux. Très colorées, elles donnent une ambiance chaude et intemporelle, préservant le mystère et la magie de cette jolie légende, celle de la genèse du Père-Noël et de l’histoire de son costume.
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