ALBUM – Dès 6 ans **
De DEDIEU
Éditions Seuil jeunesse – 15 €
Dans un genre toujours renouvelé, ce nouvel album de Dedieu nous raconte une fable philosophique facétieuse qui pointe ironiquement la bêtise, l’absurdité, le non sens et l’absence de réflexion de son personnage de puissant.
Le Roy de Gallicie pays se pique d’exotisme et se régale des cadeaux et récits que ses émissaires lui rapportent des lointaines contrées visitées.
Il s’en régale tellement qu’il décide de sauter le pas et de devenir lui même voyageur, aventurier, explorateur, afin de jouir directement de ses découvertes.
Mais ce qu’il n’a pas imaginé, c’est que son confort allait en souffrir autant !
Au fil des pages, on assiste donc à une accumulation improbable de bagages qui rendent son projet complètement démesuré. Le roi se fait apporter tour à tour son lit, ses pantoufles, ses cuisiniers, ses épices, ses jardiniers, ses arbustes, ses huitres, sa chaise percée, ses poires confites, sa bibliothèque, son château démonté, sa cour, ses gens.
Au fur et à mesure de l’avancée dans le temps, et de la variété des destinations, on voit ce Roy encombré d’un tel bric-à-brac destiné à son confort qu’il n’est plus capable d’appréhender par lui même l’intérêt de ses explorations. Il en revient finalement à la situation initiale c’est à dire à devoir faire appel à ses émissaires pour tirer partie de leur découverte.
Dedieu nous dépeint un personnage colérique et présomptueux, soucieux de son confort et imperméable à celui de ses sujets, un Roy qui prend ses désirs pour des réalités et embarque peu à peu ses sujets dans la démesure au gré de ses caprices de puissant.
L’illustration est réalisée en collage de silhouettes grossièrement découpées puis collées sur des cansons de couleurs changeantes. Le roi de couleur rouge arbore un col de papier dentelle et une couronne qui permettent d’identifier rapidement sa silhouette. Des yeux tracés d’un coup de crayon donnent beaucoup d’expressivité aux personnages, quelques éléments de décor schématiquement découpés suffisent à faire deviner la contrée visitée.
Beaucoup d’humour dans cette fable, redoutable d’efficacité, qui raille les puissants mais aussi les voyageurs du dimanche qui déplorent qu’ailleurs, on ne parle pas leur langue, on ne mange pas leur nourriture ou qu’ailleurs on souffre du froid, du chaud, des moustiques, des ours polaires…
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