CONTE – Dès 6 ans **
de Julia CHAUSSON
Editions A pas de loups – 15 €
Une version au plus près des versions orales originales, bien antérieure à celle immortalisée par Charles Perrault en France ou à celle, allemande, des frères Grimm.
On y retrouve bien sûr la trame et des éléments connus du conte mais … pas seulement.
Jugez plutôt :
Le petit chaperon rouge a quatorze ans.
Elle a reçu à l’âge de 7 ans un vêtement de fer, qu’elle a limé et rapé contre des pierres et au bout de sept ans elle a réussi à trocher sa robe.
Ce même jour sa mère l’envoie porter époigne et petit beurre à sa grand-mère.
Elle rencontre le loup dans la forêt et choisit le chemin des aiguilles (« Je vais en ramasser de celles qui auront des gros trous pour ma grand-mère qui ne voit plus bien clair ».)
Certaines versions d’aujourd’hui parlent également de ces deux chemins (aiguilles ou épingles).
Evidemment le loup choisit l’autre…
Il entre, dévore la grand-mère, met le reste de sa viande dans l’armoire, et son sang dans une bouteille, puis se met au lit.
Oui, certes c’est un peu « gore » !
Arrive le petit chaperon rouge avec les tournures dialectales connues (Tire la chevillette…).
Elle a faim et soif, et le loup lui dit de manger et boire : viande et vin. Pendant qu’elle s’exécute un chat puis un rouge-gorge alertent la jeune fille: « Pue ! Vilaine qui mange la chair (ou boit le sang) de sa grand !»
Quand elle s’ étonne auprès du loup, de ce que les animaux disent, celui-ci répond à chaque fois : « Il ne dit rien. Sont les oreilles qui te sifflent. »… (Un régal à dire !)
Le loup appelle ensuite le chaperon rouge auprès de lui, et au fur et à mesure de son déshabillage (tablier, robe, cotillon, chausses) alors qu’elle demande où elle doit poser chacun de ses vêtements il lui répond à chaque fois : « Jette le (la ou les) au feu, tu n’en as plus besoin ».
Quand l’enfant s’étonne « Ma grand que vous êtes poilouse ! »
Les exclamations sont bien plus longues et bien plus d’époque que dans les versions connues (pour mieux me réchauffer, pour porter mon fagot, pour priser mon tabac…)
Enfin la conclusion du conte diffère : Chaperon rouge ayant enfin deviné la supercherie demande à faire pipi.
Le loup arrache alors un de ses longs poils « épais comme une corde », l’attache au pied de l’enfant et l’envoie se soulager dans l’étable.
(Le subterfuge trouvé bien plus tard par l’ogre du Monstre poilu d’Henriette Bichonnier et Pef).
Elle s’échappe alors et un chat bienveillant imite sa voix pour tromper le loup.
Quand l’animal se rend compte de la supercherie, il court derrière elle mais elle atteint déjà sa maison.
« Elle est entrée. La porte refermée, le loup est resté dehors ».
Cette version est savoureuse. Son illustration en gravure bicolore (noire et rouge) est une merveille.
Les détails nouveaux, plein de sel, enchantent…
La multiplication des ritournelles en langage un peu ancien mais très compréhensible par les enfants d’aujourd’hui, néanmoins, en font un très bon moment de lecture. Un bonheur !
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