THÉÂTRE – Dès 5 ans **
De Ramona BADESCU
illustré par Fanny DREYER
Éditions Cambourakis – 16 €
Ramona Badescu revisite le conte d’Andersen, « le vilain petit canard » sous la forme d’une pièce en sept tableaux.
« Plus que tout autre, le vilain petit canard est l’histoire de ma vie », ces mots d’Andersen qu’elle a placés en exergue à son livre, montrent bien sa volonté de mettre en avant l’universalité de cette histoire et peut être d’insister sur le fait que chaque être possède en lui les capacités à trouver sa place dans le monde. Une quête qui n’aboutit pas sans difficultés.
En introduction à l’histoire, une dizaine de planches de très fines aquarelles de plantes et fleurs nous plongent au cœur de la nature, là où se niche l’œuf qui va bientôt éclore. On retrouvera ce type de planches d’aquarelles entre chacun des tableaux. Un choix original qui ouvre sur une autre lecture.
Comme l’annonce le titre, le héros de l’histoire est le narrateur.
Dans le premier tableau : « comme un rayon de soleil », il raconte ce qu’il perçoit à travers sa coquille en particulier les ragots de la mare. Et si notre poussin se sent heureux de naître, le lecteur comprend déjà que ce ne sera pas simple pour lui.
C’est ce qui se confirme dans les deux tableaux suivants où il prend conscience de sa différence, tente de la gommer puis fuit l’hostilité de tous les habitants de la mare que sa mère a peine à contenir.
Premier contact ensuite avec la vie extérieure « Scène de chasse », puis « la vie, la vraie » où l’on ressent son découragement. Il semble invisible pour le chien de chasse et inutile dans la maison des vieux.
Mais il grandit, prend conscience que « la beauté existe » en voyant pour la première fois des cygnes. Et cela suffit à son bonheur. S’il réussit à survivre à l’hiver, il se sent encore idiot, maladroit.
C’est dans le dernier tableau : « Être » qu’il devient plus audacieux et découvre par lui-même sa métamorphose. Car c’est bien une caractéristique du héros de Ramona Badescu, l’être est acteur de sa vie.
Si celle-ci est marquée par le rejet et la solitude qu’il engendre, par les difficultés qu’il rencontre, son « vilain petit canard » observe le monde qui l’entoure. Il en tire des enseignements, se construit seul et s’émancipe.
La mise en page du texte à la manière d’un poème avec des phrases coupées apporte de la respiration à la lecture et donne une certaine force au personnage qui prend son envol.
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