CONTE – Dès 4 ans **
de Alain SERRES
illustré par Aurélia FRONTY
Éditions Rue du Monde – 13.90 €
Alain Serres s’empare d’un conte traditionnel sarde pour nous transmettre cette fable écologique incitant les lecteurs à réfléchir aux enjeux environnementaux..
Les illustrations d’Aurélia Fronty, colorées et naïves, personnalisant les protagonistes de l’histoire, aident à la compréhension du cycle de la vie.
L’histoire met en scène une souris gourmande et perspicace. Elle a bu le lait d’un petit garçon et devant la tristesse de celui-ci veut réparer sa bêtise.
Elle demande aux chèvres de lui donner un peu de lait. Mais celles-ci n’en ont plus. Elles expliquent leur difficulté à subsister depuis que la fontaine a été asséchée et la catastrophe en chaîne que cela a induit : sans l’eau de la fontaine, plus de manière d’étancher sa soif, plus d’irrigation des champs, plus de culture de plantes, donc plus de manière d’apaiser sa faim, donc plus le moment non plus de se reproduire (car comment abreuver et nourrir les chevreaux?) et sans chevreaux, plus de lait pour les chèvres… et encore moins pour les gens.
Mais pourquoi cette fontaine a t-elle été asséchée ? interroge justement la souris. Elle a été démolie par la guerre, lui répond-on. Ses pierres, comme celles de la montagne ont été pillées par les hommes pour construire des palais, des tours et même une prison pour y enfermer ceux qui ne sont pas de leur avis…
La souris décide de tenter de changer le cours des choses. Elle demande à la montagne de lui donner six pierres. Elle demande à l’enfant dont elle a volé le lait de prévenir le maçon afin qu’il reconstruise avec l’aide de celles-ci la fontaine. La fontaine redonnera de l’eau, l’eau de la vie aux plantes, les plantes de la nourriture aux chèvres… les chèvres, des chevreaux et du lait et le lait rendra aussi le sourire aux habitants….
Ce petit geste de solidarité de la montagne effectué grâce à l’écoute, la détermination et la conviction de la souris, permet de corriger la donne, de réparer la chaîne des catastrophes causées par la méconnaissance ou la cupidité des hommes, et de redonner de l’espoir à l’humanité….
Ce conte est particulièrement émouvant car un encart nous informe de son origine.
Il nous est parvenu grâce à Antonio Gramsci, un penseur et homme politique italien emprisonné durant onze longues années par Mussolini.
De sa geôle, par le biais d’une lettre adressée à sa femme et à destination de leurs enfants, Antonio Gramsci a écrit ce qu’il a entendu quand il était enfant en Sardaigne.
Le coup de griffe sur la prison construite par les hommes, alors qu’il détruit sans vergogne son environnement, résonne alors de manière sensible, étrange.
Une jolie fable optimiste malgré tout qui incite à ne pas se résigner et à cultiver l’espoir.
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