ALBUM – Dès 4 ans **
de Jane YOLEN
illustré par John SCHOENHERR
traduit de l’anglais (Canada) par Christiane DUCHESNE
Editions d’2 Eux – 13 €
Médaille Caldecott en 1988, cet album résonne encore aujourd’hui très joliment et poétiquement.
La narratrice accompagne pour la première fois son père en pleine nuit, dans le froid de l’hiver canadien.
Leur espoir : voir un grand duc.
La petite fille rêve de ce moment depuis longtemps, ses frères aînés ayant déjà vécu cette expérience magique.
La singularité du moment (sortir la nuit à une heure où elle est normalement au lit), l’épreuve du froid mordant, l’étrangeté de la forêt nocturne enneigée, la beauté du jeu des ombres et de la lumière, la rassurante présence de son père, l’envie d’être « à la hauteur » digne de la confiance qu’il lui accorde en l’emmenant à son tour, tout concourt à nous faire partager l’espoir que le grand duc se montrera.
On vibre avec elle. On est à la fois inquiet et confiant. A tort ou à raison ?
L’illustration à l’aquarelle de John Schoenherr joliment réaliste est aussi très esthétique. Le jeu des perspectives, la variation des couleurs, les aplats des ombres, nous font frissonner, comme si nous participions à l’aventure.
L’écriture ciselée, à la fois précise et rigoureuse, résonne comme un poème avec un refrain qui reprend les résolutions, que l’enfant a dû se promettre de tenir avant de partir : « Quand on court le grand-duc, on doit rester silencieux, et se réchauffer tout seul. Quand on court le grand-duc, on doit être brave. Quand on court le grand-duc, on n’a besoin ni de mots, ni de chaleur, ni de rien, il faut savoir seulement espérer. »
Les phrases assez longues, le rythme plutôt lent, renforcent le suspense de l’attente.
Pour la petite fille, avoir été invitée à vivre ce moment, et avoir été par son comportement à la hauteur de l’attente, est indéniablement un souvenir précieux qui la marquera longtemps.
Une communion avec la nature au charme envoûtant, doublement vécue par les créateurs de l’album: l’auteure raconte que son mari a emmené leurs 3 enfants « courir le grand-duc ».
Quand à l’illustrateur, il a lui même vécu ce moment avec les siens et a même représenté sa maison dans l’album.
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