ALBUM – Dès 3 ans
de Ghislaine ROMAN
illustré par CSIL
Éditions Frimousse – 13 €
Dans les premières pages de l’album, nous assistons à une énumération de questions posées par différents enfants, inquiets
à l’idée d’effectuer leur première rentrée des classes.
La négation n’est pas forcément maîtrisée par tous (comme l’indique le titre) mais chacun pour une raison ou une autre, adresse à un adulte proche non représenté, une interrogation rimée et rythmée exprimant son inquiétude.
Une page pour dessiner le petit bigleux à lunettes qui s’inquiète à l’idée de manquer de câlins, une pour celui qui a peur qu’on oublie de venir le rechercher, une autre pour le paresseux peu motivé par l’apprentissage, une pour la soigneuse qui a peur de se salir en maniant la peinture, et une pour chacun de ceux qui ont entendu des rumeurs horribles sur les repas à la cantine ou le traitement sadique des petits par les grands dans la cour de récré… Chacun est caractérisé par un objet fétiche.
Le panel des inquiétudes à propos des diverses activités de la maternelle est assez complet. L’émotion ressentie par tout ce cortège d’enfants décrit bien le déferlement de sentiments d’inquiétude de ces futurs écoliers.
Aux questions individuelles (1 enfant par page, sur fond uniformément blanc, avec sa question sur la page en regard) succèdent les dessins de groupe.
C’est que ça y est ! Sans aucun décor, on voit les enfants ensemble. Ils sont à l’école. Dans la cour ? Dans la classe ? Rien ne l’indique. Mais on les retrouve. Ils sont tous là. Et on s’amuse à les identifier.
Ils sont les uns à côté des autres, présentant tous des mines déconfites, s’observant. Se regardant de travers (mine de rien).
Constatant dans l’attitude des autres les mêmes questions, le même embarras, la même crispation, le soulagement se fait sentir. («Il n’y a pas que moi !»). Alors les sourires pointent. Timides.
Le dessin suivant montre chaque enfant sagement assis à sa table dans la classe, prêt à découvrir son statut d’élève avec une mine apaisée.
Aucun maître représenté. Mais un fond coloré… comme une promesse de plaisir… Enfin !
Petits défauts à mon sens : l’’organisation des tables fait penser au CP alors que les questions émanent franchement d’enfants de maternelle. Et puis comment interpréter les 30 lignes d’écriture de la page de garde reprenant le titre «Non, j’irai pas !» un simple rappel des multiples inquiétudes de départ ? une punition ? Alors c’est bien le CP.
L’album n’est en tous cas pas tendre pour l’institution et donne l’impression que le seul plaisir de l’école consiste à se trouver
des copains. Pour le vivre ensemble c’est bien. Peut-être moins pour les objectifs du PISA…
Ne boudons pas notre plaisir : ce petit album, bien construit, dessiné avec caractère, peut faire prendre conscience au futur écolier que l’inconnu n’angoisse pas que lui… et poétique et malin, il amusera sans doute autant les adultes que les enfants.
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