BANDE DESSINEE / MANGA – Dès 15 ans *
de James JOYCE
adapté en manga par Team BANNIKASET
illustré par VARIETY ARTWORKS
Editions Soleil – collection (grands classiques en manga) – 9,99€
James Joyce avait choisi d ‘écrire sa propre odyssée en utilisant un style inattendu, atypique. Le projet d’adaptation en manga de cet « Ulysse de Joyce » reprend la discontinuité narrative entraînée par le découpage des images et n’hésite pas à jouer de la surenchère verbale des protagonistes ce qui rend la compréhension générale parfois difficile. Mais comme c’est en cela que réside le pari et le tour de force de Joyce…
Le graphisme aide à approcher au plus près la réalité, vue, vécue, éprouvée par l’homme. Joyce cherchait à atteindre l’universel par le particulier. « Qu’est-ce que la mort? Et qu’est-ce qu’un enterrement, si ce n’est un jour où les gens se retrouvent et discutent de la vie ? Joyce ne cherche pas une description du réel : il semble rechercher le réel lui-même. Il n’a pas d’intérêt pour la narration en tant que telle. Les thèmes de l’échec, de l’isolement et de la défaite y émergent Le défaitisme y est également récurrent. Tout cela ne nous apprend rien mais nous emmène dans Dublin…
Tout se confond : le fil narratif du texte, les dialogues, les personnages, la forme. Nous suivons cette recherche sur le monde féminin du corps, du vénal, du périssable et de l’immanence (Ulysse) ; inscription dans le monde de la nuit, du mouvant, de la parole et de l’ivresse. L’ambition d’englober la totalité du réel fait partie du projet d’Ulysse et les dessins ici le servent bien. : Pourtant la dichotomie : pensées pratiques comme celle de Bloom ou théoriques comme celle de Dédalus, n’apparaît pas forcément. L’ironie suinte dans chaque page, nous n’échappons pas à la fameuse scène du feu d’artifice où exhibitionnisme, masturbation et orgasmes se mêlent. Un regret : Nous ne ressentons pas assez les changements de point de vue dans la narration. Bloom apparaît-il comme un homme sympathique, bienveillant et compatissant ? Ce qu’il est dans le texte d’origine. En ne nous disant rien, James Joyce nous disait tout. Peut-être que l’image parle plus que les mots ?
Avis
Il n’y a pas encore d’avis.