ROMAN – Dès 15 ans
De Annika THOR
Traduit du suédois par Agneta SEGOL et Marianne SEGOL-SAMOY
Éditions Thierry Magnier – 24,80€
Nous sommes à Berlin en septembre 2010, nous dit la narratrice qui signe un préambule à son roman de ses trois initiales R-C-T…
Dans ces deux pages, elle explique les raisons qui l’ont poussée à écrire ce livre maintenant qu’elle a pris sa retraite de la clinique pédopsychiatrique où elle a exercé une grande partie de sa vie…
Nous sommes en Suède et le roman se déroule de février 1938 à août 1943, années sombres s’il en est pour l’Europe avec la montée du nazisme et l’exode de ses opposants et des Juifs.
Nous allons croiser le quotidien de trois réfugiés, deux hommes et une femme, tous allemands qui ont fui le nazisme et qui cherchent à s’intégrer avec plus ou moins de bonheur dans la société suédoise : Ilse, jeune juive, qui en février 38 est secrétaire trilingue, Paul Winckelmann, ouvrier et militant syndicaliste et Arnold Cohen, journaliste réputé.
En parallèle, nous suivrons la vie de trois fonctionnaires du « Bureau des Etrangers » :
Stig Holmberg, le directeur, un humaniste qui essaie d’adoucir les règlements qui se durcissent de plus en plus à l’égard des réfugiés jusqu’à leur enfermement dans des camps, Inde Widegren qui perdra tout pour l’amour de Cohen duquel elle aura une fille Ruth… et Birger Janson, jeune arriviste brillant qui ne s’embarrassera pas de scrupules pour monter dans la hiérarchie…
A mesure que s’étend l’emprise d’Hitler sur les différents pays, le Bureau de l’immigration va devoir régler le problème de l’afflux des émigrés, pour protéger les emplois et la race suédoise mais aussi et surtout pour sauvegarder les échanges économiques avec l’Allemagne.
Les destins des six personnages du roman vont s’imbriquer étroitement et nul n’en sortira indemne !
Un roman très fort, fondé sur des écrits et des faits réels, qui donne un portrait méconnu de la Suède et de sa « neutralité bienveillante » à l’égard des nazis.
Un roman qui pose de façon claire le problème de l’immigration en général et qui de ce fait, nous semble terriblement d’actualité.
Une note de l’auteur en fin d’ouvrage nous explique ses sources. Elle justifie sa précédente trilogie qui traitait de l’accueil de petites juives dans les familles suédoises et nous apprend que le véritable visage des suédois dans ces années sombres n’est connu que depuis quelques années, ce qui explique ce nouveau roman.
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