ROMAN – Dès 15 ans *
De Els BEERTEN
Éditions La joie de lire – Collection (Encrage) – 18 €
Rappel : le premier tome mettait en scène un village de Flandre sous l’occupation ; l’un des personnages, séduit par l’idée de sauver son pays du communisme athée, rejoignait l’armée allemande sur le front russe. Il tentait par la suite de vivre en Allemagne sous une fausse identité.
Contrairement au volume précédent, celui-ci est pesant, sombre, voire désespéré. Consacré au retour de Ward dont les répercussions sur la vie de chacun seront dramatiques, il entremêle les analyses et intérêts contradictoires de tous les acteurs.
C’est que, la guerre finie, le village connaît désormais les horreurs nazies et rejette en bloc la collaboration. On a oublié la propagande qui faisait tourner les têtes folles persuadées de servir une bonne cause.
Toute collaboration est une traîtrise méprisable que l’on punit sévèrement.
Que Ward ait choisi de revenir par dégoût du mensonge ne le rachètera pas. Il sait ce qui l’attend mais ignore qu’on l’accuse par surcroît du meurtre d’un résistant qu’il n’a pas commis.
Son retour perturbe l’équilibre qui s’était établi et provoque une crise. Renée, fiancée à un autre va douter ; Jef craint d’être dénoncé et médite une échappatoire ; Rémi, symbole de la pureté, voit ses valeurs mises en doute autour de lui.
En filigrane les émotions et raisonnements des quatre jeunes gens reflètent celles des parents. Cet effet de miroir faisait le charme du premier livre. Ici l’écriture en quatuor a beau être reprise, l’une des parties est surdimensionnée.
En effet, afin de préparer le procès, l’avocat oblige l’accusé à raconter sans fard ce qui s’est passé. Il lui incombe d’incarner la vérité.
Sont évoqués le calvaire qu’il a vécu sur le front russe, son aveuglement mêlé de bonne foi, sa lente évolution. La lecture de ces passages est donc longue.
Le débat intérieur sur la loyauté envers l’Ami constitue l’autre pan très développé de la réflexion de Ward. De son choix dépend l’issue du procès… qui va mentir pour sauver l’autre ?
Dans cet examen de conscience généralisé au bord de l’enfer tous ont leur part de souffrance muette mais un effet de sidération nous est réservé à la fin ; père et mères seront dévastés par la solution violente d’un Jef totalement déprécié… décevant. Les atermoiements de Ward aboutissent heureusement à une décision admirable après un parcours peu sympathique.
L’ensemble pessimiste laisse un goût amer malgré une fin apaisée. La guerre n’est jamais belle.
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