BANDE DESSINEE – Dès 15 ans **
d’ Antoine CARRION
d’après la pièce d’Henrik IBSEN
Editions Soleil – Collection Métamorphose – 17,95 €
Ayant reçu une bourse dans le but de recenser les contes et légendes norvégiennes, Henrik Ibsen enquête et entend parler d’un personnage ambitieux, mythomane, bagarreur, séducteur qui a vécu au XVIIIe siècle : Peer Gynt. Ibsen trouve que ce personnage est l’avatar parfait « d’une Norvège en quête d’affirmation » à une époque où le pays non indépendant est encore sous la tutelle de la Suède et dominé par le Danemark. Ibsen se documente et écrit une pièce au titre éponyme, en 5 actes en 1866. Elle sera jouée pour la première fois à Oslo en 1876 accompagnée de la musique de son compatriote Grieg spécialement créée pour l’occasion.
Antoine Carrion reprend la trame de ce drame et nous livre dans le premier tome de sa BD réalisée en noir et blanc, le contenu des 3 premiers actes de la pièce.
Dans un décor naturel grandiose, à la fois sombre et fantastique on suit les péripéties du personnage principal à l’ambition démesurée. Peer ne recule devant rien pour parvenir à ses fins : devenir empereur ou roi et faire taire les gémissements de sa mère, désormais seule et pauvre à cause de l’intempérance de son mari. Peer séduit à tour de bras, puis abandonne nombre de femmes (humaines ou issues du folklore populaire norvégien), n’hésite pas à vendre son âme au roi des Trolls avant de se récuser, à se battre, à mentir, et n’accepte jamais le prix à payer de ses inconséquences… sauf peut être croit-on deviner, pour la pure Solveig qu’on devrait retrouver dans le second tome de cette BD, et qui vient le rejoindre au moment, émouvant, où la mère de Peer meurt.
On s’attache peu à peu à Peer, malgré ses outrances et ses nombreux défauts. Peut-être parce qu’il porte en lui un rêve inaccessible et qu’il ne renonce jamais…
Les personnages nombreux dessinés par Antoine Carrion sont parfois difficiles à identifier, parce que assez peu différenciés. Par contre ses décors sont majestueux avec des gammes de gris magnifiques et de jolis éclairages.
On admire la mise en page variée, passant de décors parfois sur plusieurs pages dépliées, à la multiplication de planches, le papier épais, la couverture énigmatique et magnifique.
Une bande dessinée luxueuse qui s’adresse à des adolescents comme à des adultes, sur le thème d’une quête d’identité aussi exaltée que peu morale… et qui donne à voir le folklore du grand nord.
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