ROMAN – Dès 15 ans
De Maïté BERNARD
Éditions Syros – 17.95 €
Inès est une lycéenne musulmane de la banlieue parisienne tout entière tournée vers son objectif : intégrer Sciences-Pô. Pour elle, comme pour sa mère, veuve, c’est «La voie royale». L’année de son bac, quand démarre le roman, Inès trouve un job de quelques heures de ménage dans une famille aisée du 7e arrondissement, les Brissac.
Démarre alors une belle histoire d’amour avec Gabin, le fils ainé de la maison. Autant Inès est sage, discrète, scolaire, autant Gabin qui souffre de phobie scolaire est passionné. Fan de cinéma, de musique, de lectures en tout genre, grand amoureux de Paris de ses quartiers, de ses ambiances, de son architecture, il n’a de cesse de faire partager avec beaucoup de tact, sa culture éclectique avec son amie qui se cantonnait jusqu’alors aux lectures ou aux films utiles à son cursus scolaire.
La première partie du roman traite de cette relation amoureuse que l’on voit évoluer au fil du temps, dans le Paris célébré par Prévert celui de «Paris est tout petit pour ceux qui s’aiment comme nous, d’un grand amour» qui est aussi en partie le titre du livre.
Les analyses de Maïté Bernard sont fines et riches quand aux questions liées au choc entre ces deux mondes dichotomiques : une famille de gens aisés, cultivés, parisiens, ouverts sur le monde et une jeune fille musulmane d’une banlieue peu favorisée, vivant à l’écart avec une maman aimante, mais aux règles strictes, et suivant un programme scolaire aussi exigeant qu’enfermant.
Le roman offre des analyses pertinentes aussi face aux interrogations d’Inès quand à ce qu’elle veut vraiment comme avenir. Le foisonnement culturel que Gabin lui fait découvrir, sa façon de vivre, de bouger, de sortir, ses relations avec sa famille, amènent l’adolescente à se poser des questions qui ne l’avaient jamais effleurées auparavant. Inès va apprendre à s’écouter, s’épanouir, s’émanciper, élargir son horizon.
Dit comme ceci, il semble qu’Inès soit la grande gagnante de cette relation. Pourtant Gabin très amoureux, est lui aussi, enrichi par cette relation. Il le sera encore plus dans la deuxième partie du roman.
Car il y a basculement, dérèglement. Celui-ci est daté très précisément. Il est lié au cataclysme des attentats du 13 novembre dans lequel la mère de Gabin perd la vie, au Bataclan.
Pour son entourage, comme pour Inès l’annonce de cette catastrophe détruit tout équilibre. L’empathie d’Inès, ses questionnements, peut être aussi le chemin fait lors du décès de son père, l’amènent à trouver les mots et les gestes utiles pour aider Gabin. Elle est prête à tout pour lui permettre de traverser cette période de deuil dévastatrice. Mais la douleur est si grande, que ni leur complicité, ni le Paris rassurant, protecteur et enchanteur, théâtre de leur histoire, ne suffiront sans doute à les aider à surmonter cette épreuve
Un livre fort, bien écrit, riche en émotions et touchant.
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