BANDE DESSINÉE – à partir de 15 ans et plus **
WARNAUTS pour le texte et les dessins
RAIVES pour le texte et les couleurs
Éditions Le Lombard – Dans la collection (Signé) – 14.99€
Warnauts et Raives sont des habitués de la BD chorale qui inscrit le destin et les passions de leurs multiples personnages dans les réalités d’une époque.
Il s’agit cette fois des « Trente Glorieuses » et de la lutte clandestine pour l’indépendance des peuples dans une Belgique endormie dans ses certitudes de puissance coloniale.
Avec l’Exposition Universelle de 1958, la Belgique est le centre de toutes les contradictions du monde d’alors.
Nous sommes à l’apogée des « Trente Glorieuses ».
Entre les délices de « l’American way of life » et ceux du « Paradis soviétique , les « sixties » s’ouvrent sous le signe du progrès et de l’insouciance.
Ce climat occulte le délitement des empires coloniaux.
La France s’enlise en Algérie dans une démarche répressive et l’on retrouve vite les horreurs de l’occupation pendant que la Belgique sûre d’elle et dominatrice s’enferme dans un racisme bon enfant, celui du colon suffisant et graveleux, qui la rend sourde aux attentes des peuples congolais.
Dans un tel contexte et pour toute une génération, le combat pour la liberté se confond avec la lutte pour l’indépendance.
Thomas, le colon, qui laisse Hortense sa compagne africaine, revient en Belgique pour voir mourir sa mère et va se trouver bien désemparé devant des réalités nouvelles pour lui.
Le père Joseph militant engagé, personnage central, confesseur des âmes et des cœurs va lui ouvrir les yeux sur sa fille métisse que Thomas a voulu protéger du Congo et qu’il retrouve jolie, indépendante, amoureuse et engagée.
Il lui parlera d’Alice la « maîtresse bandante » que le colon n’a pas oubliée et avec laquelle il va renouer…
Il redécouvre une Belgique profonde où ensemble on oublie tout devant une tarte au riz…
Cette réalité complexe émerge progressivement du scénario qui recourt beaucoup au « retour en arrière » et au chevauchement des événements.
Le texte écrit joue un grand rôle qu’il s’agisse du déroulé des événements ou des dialogues qui expriment avec justesse la psychologie et l’état d’esprit des personnages.
Le dessin et la couleur contribuent à l’ambiance générale et à l’expression des sentiments, des passions dans leur grandeur comme dans leurs ambiguïtés :
– Tout devient noir quand le dessin se fait bande d’actualités.
– Tout est gris et immobile quand on évoque l’atmosphère des villes belges que ne pénètrent jamais les réalités du monde extérieur.
– Même le vert des campagnes semble lui aussi imperméable à tout.
Parfois un dessin sans dialogue traduit des moments de convivialité qui expriment la force d’être ensemble tout en donnant à voir le tourment des personnages.
En cela, ce travail à quatre mains s’avère absolument remarquable.
Mais les événements se précipitent :
– L’étau se resserre sur les militants et leurs complices
– Le Congo entre dans la tourmente…..
On attend la deuxième époque !
Voilà une belle fresque qui met en lumière de beaux destins d’hommes et de femmes pris dans la tourmente d’événements qui les dépassent parfois…dans l’insouciance des « sixties “
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