ROMAN – 15 ans et plus **
de Vincent MONDIOT
Editions Actes Sud junior – 16€
Comme son titre l’annonce clairement, « Les derniers des branleurs » utilise un langage cru et même ordurier, pour nous faire partager 6 mois de la vie de trois potes de terminale qui passent leur temps à sécher les cours, glander, boire, fumer des joints, parler mangas, jeux vidéo, musique et sexe, mais aussi à provoquer élèves, profs, familles.
La perspective du bac est pour eux un non sujet.
Avec la nouvelle mouture qui se profile, (on est en 2019) ils devraient le décrocher sans devoir lever le petit doigt.
Et surtout, ils n’ont aucune perspective en vue pour l’après.
Alors… place à l’insouciance !
Pourtant quand leur prof principale (une des rares qu’ils estiment) les traite de « branleurs », deux semaines avant l’échéance, c’est un électrochoc.
Minh Tuan, piqué au vif, décide de tout faire pour que tous trois décrochent une mention.
Tout ? ils ne sont pas dupes : impossible de rattraper le temps perdu.
Mais avec le fric de Minh Tuan et l’aide de Tina, une jeune réfugiée arrivée récemment dans leur classe qui cartonne, et qui les « colle », ils mettent en place un stratagème pour tricher lors des épreuves.
Au fil des pages, on se surprend à trouver attachants ces trois paumés, à essayer de comprendre pourquoi ils en sont arrivés là où ils sont, dans ce présent sans joie et sans avenir non plus, à analyser aussi les motivations de Tina, la jeune migrante.
Par moments, on a envie de lâcher ce groupe de losers, dans leur déambulation vaine et pathétique.
Et puis, on raccroche. Et on s’amuse (ou on peste) de la présence des nombreuses annotations en marge qui précisent l’identité des jeunes rencontrés, donnent les références d’un groupe de hard rock ou d’un héros de manga… se disant que, indéniablement, Vincent Mondiot a un vécu proche de ses personnages et une grande affection pour eux.
Au final, le roman aborde beaucoup de sujets de société, donne la parole à des jeunes qu’on n’a pas tellement l’habitude d’entendre, fait état de leur difficulté à quitter l’adolescence, de leur solitude, de l’importance pour eux d’être reconnu par leurs pairs, de leur besoin de partage, de leur difficulté à se projeter aussi…
Un moment charnière avant le grand saut dans le monde d’après, décrit sans angélisme et qui sonne vrai…
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