ROMAN – Dès 15 ans
De Marie SELLIER
Éditions Thierry Magnier – 13.80 €
La famille d’une jeune fille est perturbée par le comportement maladif d’une mère désespérée : le passé douloureux de celle-ci, le présent subi, une absence d’avenir épanouissant seront progressivement évoqués.
Toujours est-il qu’elle est particulièrement violente avec l’aînée, Zoé, dont elle détruit l’équilibre par ses critiques incessantes, n’hésitant pas à la frapper. Le roman n’est donc pas le récit de l’humeur belliqueuse ou de l’opposition à l’autorité parentale qui caractérise certains jeunes de 15 ans.
Situé dans le contexte d’un cas particulier, il a pour thèmes l’impact de notre environnement affectif sur la personnalité (chacun entre en résonnance positive ou non avec autrui) et le chemin douloureux du personnage principal qui, en un an, va passer de la prise de conscience de son mal-être à la reconstruction de soi, de la boulimie à l’anorexie puis à l’équilibre alimentaire. L’intervention positive de la mère psychologue d’une amie sera essentielle.
Marie Sellier a choisi une écriture reflétant, au début du livre, le chaos intérieur de Zoé, pour aboutir en fin d’ouvrage à une harmonie retrouvée qui s’exprime par une langue structurée. Tout d’abord une logorrhée silencieuse accumule des mots interchangeables et un empilement de détails dans un flux qui pourra dérouter certains lecteurs.
Le fait que l’adolescente ne peut être elle-même se traduit par la distanciation : « tu » pour s’observer en train d’agir, « elle » pour la mère détestée. La haine qui l’habite s’exprime par la froide observation de ceux qu’elle côtoie. Au contraire, des phrases parfois poétiques et désormais construites, s’ordonnent en paragraphes à la fin du livre.
La parenthèse de vacances loin de la tourmente familiale a permis à la jeune fille de découvrir l’empathie, de prendre du recul. Elle comprend que sa malheureuse mère est marquée à vie par l’attitude passée de sa propre mère endeuillée ; elle sait aussi qu’il ne faut pas reproduire ce schéma.
Ce livre sombre se termine donc sur l’espoir.
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