DOCUMENTAIRE – Dès 15 ans
Caroline GILLET & Amélie FONTAINE
Actes Sud Junior et France Inter – 15.90 euros
Elles et ils sont dix, âgés de 20 à 30 ans.
De Riga à Porto, de Nicosie à Cracovie, de Rome à Sarajevo, de Londres à Copenhague comme de Bucarest à Bruxelles et au-delà des combats de leurs grands-parents, au-delà des idées de leurs parents, ils affirment leurs envies, leurs angoisses et la liberté de leurs choix.
La mise en forme de leurs dialogues radiophoniques sur l’antenne de France Inter donne un « documentaire-choral » qui au-delà des doutes et des crises dessine un » melting pot » européen en mouvement car au bout du bout « they like Europe » oui, ils « aiment bien l’Europe ».
Voilà :
– Yannis le Chypriote nous conte sa volonté d’être ensemble sur la terre commune avec ceux du nord dont ils sont séparés depuis 1974
– Anastasia la Lettone vit et pense comme une européenne mais entend pouvoir s’afficher comme russophone dans un pays qui ne s’est pas vraiment remis des tragédies qui ont marqué l’occupation nazie puis la russification de l’époque soviétique.
– Amre de Sarajevo porte le poids des 8000 tombes de Sebrenica, étudie le droit pour lutter contre la corruption, attend beaucoup du modèle démocratique européen mais n’en attend rien sur la question de la mixité religieuse et ethnique.
– Sofia de Rome milite pour le féminisme dans une Italie machiste encore traumatisée par les turpitudes sexuelles de Berlusconi et une permissivité qui dissimule mal l’emprise de la mafia.
– Ewa de Cracovie affirme son homosexualité dans un pays dominé par l’intégrisme catholique.
– Francisco de Porto joue le « Robin des bois « des stages dans un pays qui en use et abuse.
– Sean de Copenhague affirme le don de sperme comme une éthique de la liberté de concevoir comme et avec qui l’on veut.
– Pamel et Laura les Rwandaises de Bruxelles s’interrogent sur le génocide et la responsabilité de l’état colonial belge qui a exaspéré les rivalités tribales pour asseoir son pouvoir et sur un pays qui se complaît toujours dans un racisme ordinaire toujours présent au quotidien.
– Andrea de Bucarest l’impulsive a une formidable exigence de bonheur dans un pays qui porte toujours les séquelles de la période Ceausescu.
– Joe de Londres qui est toujours sous le coup des effets du 11 septembre et les ambiguïtés de la guerre contre la terreur qu’il a menée en Afghanistan.
Chaque entretien est doublé de quatre pages de croquis qui mettent les situations en images.
Un encadré remet toujours les questions traitées dans une perspective historique.
Chaque étape est l’occasion de visites dans les lieux improbables et de découvertes culinaires insolites.
Par touches successives émerge le kaléidoscope d’une Europe en mouvement qui au-delà du pessimisme ambiant digère son passé et dépasse ses contradictions dans le dynamisme de sa société civile qui semble plus dynamique que la technocratie bruxelloise.
Quand on ferme le livre, on a envie de rencontrer cette génération européenne du troisième millénaire.
Avec elle, « Yes we like Europe ».
Nous recommandons cet excellent ouvrage aux lycéens, aux étudiants et à tous ceux qui sont curieux de l’Europe.
On peut retrouver ces chroniques sur le site « franceinter.fr » ou en scannant le code sur la bande annonce du livre.
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