NOUVELLES – Dès 15 ans **
De Kim FUPZ AAKESON
Éditions La Joie de Lire – Collection (Encrage) – 13.90 euros
Voici 14 nouvelles d’environ une dizaine de pages chacune pour dire la solitude, révolte ou tendresse qui sous-tend la conclusion de ces histoires à la portée universelle.
Filles ou garçons de 16 ans, anonymes pour la plupart, posent un regard sans complaisance sur leurs proches dont ils constatent défaillances et lâchetés ; leurs pensées véritables ne sont pas formulées : à quoi bon, on ne les écoute pas !
Seule la décision finale condamne les adultes qui n’ont pas été à la hauteur. Le lecteur, surpris par la « chute », assemble alors les données glissées au fil du texte et comprend le cheminement silencieux de leur pensée.
Un livre poignant aux grandes qualités littéraires. L’auteur maîtrise parfaitement les exigences particulières de la nouvelle ; son style dépouillé, percutant, traduit à la fois la pudeur et la lucidité des adolescents auxquels il donne la parole (un narrateur n’intervient que deux fois).
Dans « secret », on perçoit que l’exemple de la duplicité corrompt la droiture du fils qui jusque-là respectait sa mère et lui trouve désormais « l’air un peu bête ».
Dans « entre filles », l’inconnue du salon se prendrait-elle déjà pour la maîtresse de maison ?
Nina, depuis son lit, croit entendre le retour de son père mais comme elle ne perçoit pas les bruits familiers elle descend voir ce qui se passe et découvre une femme devant la bibliothèque.
L’intruse propose de « papoter entre filles », la joue sympa : compliments, questions, fausse complicité pour amadouer la jeune fille.
L’adolescente observe bagues, vernis, flaire le parfum tout en parlant puisqu’on l’y invite. Le flot de ses paroles d’amour pour sa mère décédée va noyer l’autre qui part après un baiser, vaincue par un chagrin pudiquement tu.
Quand le père entre, il ne comprend pas, se contente d’être soupçonneux, ne songe même pas à s’occuper de sa fille qui reste SEULE.
Pensées, paroles et actes sont juxtaposés sans commentaire.
Ces nouvelles montrent comment cette juxtaposition des faits peut remplacer les développements psychologisants ; combien quelques détails concrets suffisent à définir le contexte social.
L’auteur parle de sentiments humains et de pédagogie en montrant leur absence.
Il pratique l’art subtil de l’ellipse pour dresser un tableau de la détresse de certains jeunes qui demandent finalement si peu : de l’attention.
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