Bande dessinée – Dès 14 ans
Dessin Jeanine PUCHOL
Scénario Laurent GALANDON
Couleurs Laurence LACROIX
Éditions Le Lombard – 17.95 euros
« Je vais être fusillé aujourd’hui à trois heures. Je ne regrette rien de ce que j’ai fait. »
C’est ce qu’écrit Marcel Rayman, 20 ans, juif polonais, condamné à mort pour treize attentats contre l’armée allemande au sein du groupe Manoukian.
Ce bel album est l’histoire illustrée de ce destin hors norme qui court de 1942 à 1944.
Le graphisme et les couleurs sont ceux des comics anglo-saxons de l’époque.
La toile de fond est celui d’une famille juive qui croit en les valeurs de la France à un moment où elle courbe l’échine sous la botte de l’occupant nazi et substitue sa nouvelle devise « Travail, Famille, Patrie » aux valeurs « Liberté, Egalité, Fraternité ».
Les affiches haineuses de la propagande allemande relayée par le gouvernement de Pétain vont contribuer à forger la geste d’un héros romantique et révolté…
A la stigmatisation des juifs, il oppose d’abord la provocation gratuite qui sied si bien aux adolescents.
Les rafles, celle du « Vel d’Hiv » qui emporte son père, le font entrer dans la résistance non violente, celle des tracts, des graffitis et du vandalisme construit.
Puis c’est la rencontre avec le réseau Manoukian et le groupe FTP-MOI (Francs–Tireurs et Partisans – Main d’Oeuvre Immigrée) où se côtoient juifs et communistes mais aussi des Polonais, des Italiens, des Espagnols, des Hongrois, des Arméniens qui vont le mener à la lutte armée et aux actions directes de plus en plus violentes.
Le scénario, le dessin et les couleurs contribuent à composer un tableau complexe où la propagande nazie nourrit la résignation des uns et l’exaltation presque nihiliste des autres qui vont mener à la tragédie…
L’indifférence, les ambiguïtés, la peur autant que l’exaltation nihiliste vont resserrer l’étau.
La révolte comme la répression vont être au cœur de l’affiche rouge…un mythe est en marche auquel Aragon et Ferré vont largement contribuer.
On recommande cet excellent album aux collégiens de troisième et surtout aux lycéens qui toucheront du doigt les mécanismes de la propagande et les difficultés du devoir de résistance à un moment où les populismes sont de nouveau en marche dans notre pays comme en Europe.
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