ROMAN – Dès 14 ans
de Monica HESSE
Traduit par Anne KRIEF
Éditions Nathan – 17,95€
« A comme Abek. Z comme Zofia ».
De A à Z, au temps des jours heureux, Zofia racontait l’histoire de sa famille à son petit frère Abek au fil des lettres de l’alphabet.
« Après la guerre, je te retrouverai », c’est la promesse qu’elle lui a faite quand ils ont été envoyés en camp de concentration et séparés.
Abek avait 9 ans et elle 15.
L’obligation de tenir cette promesse a permis à Zofia, de survivre.
Trois ans ont passé, nous sommes en 1945, la guerre est maintenant finie et Zofia a 18 ans.
Et si elle sort de l’hôpital avec le cerveau encore embrouillé, c’est encore et toujours avec cette volonté de retrouver Abek.
C’est désormais le seul membre de sa famille qui serait encore en vie, elle a vu tous les autres exterminés…
Grâce au soldat russe qui l’a découverte à-demi inconsciente dans le baraquement des femmes et l’a prise sous son aile protectrice, Zofia retourne dans la ville polonaise où elle vivait avec sa famille.
C’est là qu’elle a donné rendez-vous à Abek.
Mais l’appartement est vide…
Et si Abek avait oublié ? Ce n‘était qu’un enfant !..
Elle a écrit son nom sur toutes les listes de personnes disparues, mais impossible pour elle de rester à attendre, Il lui faut tout vérifier par elle-même, ne rien laisser au hasard… Il ne lui reste que lui…
C’est Zofia qui nous raconte sa quête à partir de son départ de l’hôpital où elle faisait partie des « néantes » depuis sa sortie du camp.
Entre les chapitres classés de A à Z comme l’histoire de sa famille, on trouve ses rêves ou plutôt ses cauchemars.
Ceux-ci lui livrent des bribes de souvenirs et des versions différentes de la dernière fois où elle a vu Abek.
Ces versions se télescopent dans son cerveau qui tourne en boucle.
Après avoir vécu l’innommable, elle a tant de raisons de ne pas pouvoir démêler les fils entre la réalité et la fiction protectrice.
La lenteur de son douloureux travail de reconstruction est nécessaire.
Autour d’elle, gravitent d’autres jeunes de son âge en quête aussi d’un avenir et de donner un sens à leur vie.
Monica Hesse nous en livre des portraits subtils et poignants sur leurs choix de vie.
Son roman « Une fille au manteau bleu »paru aux éditions Gallimard , coup de cœur d’Opalivres en 2019, nous avait fait découvrir l’occupation allemande aux Pays-Bas.
Magistralement construit, celui-ci nous bouleverse tout autant en nous faisant vivre par le biais de son héroïne, cette période d’après- guerre avec cette multitude de réfugiés qui tentent de vivre après avoir côtoyé la mort.
Un magnifique roman sur la résilience et d’une grande précision historique.
Un coup de cœur d’ Opalivres ♥ !
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