DOCUMENTAIRE – Dès 13 ans
Marie DESPLECHIN pour le texte
Betty BONE pour les illustrations
Evelyne HEYER pour la recherche en anthropologie génétique
Carole REYNAUD-PALIGOT pour la recherche historique
Éditions courtes et longues – 19,50€
« Ta race !… ou moi et les autres »
Voilà un album percutant et pertinent qui, en quarante-deux dossiers de deux pages, explore les ressorts du mythe de la race et les perversités du racisme dans un récit initiatique inscrit dans l’odyssée inachevée de l’homo sapiens que nous sommes tous !
La méthode est celle du questionnement socratique à partir des données scientifiques et historiques les plus récentes.
Deux thématiques sont posées avec force :
– nous avons tous le même capital génétique qui nous fait unique mais semblable aux autres sapiens
– le mythe de la race ne doit rien à la génétique ni à la biologie.
Il est généré par l’esprit de l’homme à des fins de domination voire d’extermination qui ont à voir avec l’histoire.
La plume de Marie Desplechin et l’animation graphique de Betty Bone font de ce réquisitoire une époustouflante saga dont on ne sort pas indemne
même si cette brillante équipe aime à souligner que le génie sapiens capable du pire est aussi capable du meilleur sans que rien ne soit jamais acquis définitivement.
Un cours sur le rôle comparé du génome et de la mélanine et le voyage commence.
Un inventaire à la Prévert « pour créer une race…. et mixer les ingrédients pour que prenne bien la mayonnaise raciste… » .
Nous voilà convaincus que le racisme est à la portée de chacun !
Puis c’est vers l’histoire que l’on se tourne.
Dans sa foudroyante progression, Sapiens finit par se retrouver face à Sapiens…
L’avance technologique de l’un fait de l’autre un sauvage ou un barbare…
L’extermination commence même si des voix se lèvent pour dénoncer des crimes contre « les droits du genre humain » .
Le siècle des Lumières hésite entre les fastes du commerce triangulaire, la volonté de dieu de nous créer inégaux et l’affirmation que les hommes appartiennent à une espèce unique…même si l’européen est plutôt mieux réussi !
Le XIX° siècle voit le triomphe des empires coloniaux et le culte de la race blanche supérieure.
Gobineau en rajoute avec le culte de la race aryenne (toujours plus blanche et plus pure !)
Le XX° siècle sera celui des extrêmes et du délire nazi et au nom de la pureté de la race, on extermine les juifs, les tziganes, les malades, les handicapés et les homosexuels.
Le voyage s’achève sur le constat de progrès considérables ;
– la déclaration universelle des Droits de l’Homme
– l’affirmation que les êtres humains appartiennent à la même espèce issue de la même souche
– et le constat inquiétant que demeurent les poncifs du mythe quand on en enferme filles et garçons dans des stéréotypes ségrégatifs ou lorsque la ségrégation nourrit un communautarisme agressif.
Comme si tout recommençait toujours… Le pire comme le meilleur !
Voilà un excellent ouvrage qui parle quel que soit le chapitre où on l’ouvre mais qui gagne à être apprécié dans le déroulement en continu d’un récit initiatique !
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