ROMAN – Dès 14 ans
de Sara FLANIGAN,
Traduit par Laurence LENGLET
illustrations de Pierre PRATT
Éditions d²eux – 22€
En 1943, à Linlow, une petite ville paumée de cet état du sud des Etats Unis qu’est la Géorgie, la mentalité des habitants n’a pas changé depuis la guerre de sécession.
A l’entrée, une pancarte donne le ton : « Nègre, sache que tu n’es pas le bienvenu sous le soleil de Linlow ».
On raconte aux enfants que les nègres les tuent pour les manger.
Les étrangers et les yankees ne sont guère appréciés non plus et le dimanche, le pasteur dans des sermons terrifiants, met la pression sur ses fidèles en les menaçant des foudres de l’enfer et en les maintenant dans un certain obscurantisme.
Dans cette ambiance, où l’on éduque par la peur et le fouet, où les mères disent à leur fille que le péché est en elle depuis Eve, que devenir une femme est une malédiction, si les enfants sont assez libres de vagabonder dehors, ils se taisent même quand un adulte abuse de leur jeunesse et de leur crédulité.
Marie-Agnès est la narratrice du roman.
Elle nous raconte avec la vision étriquée qui résulte de son éducation, la vie à Linlow et sa relation avec Sudie.
Sudie est une fillette de 9 ans, sa meilleure amie, avec qui elle se dispute tout le temps mais qui exerce sur elle une certaine fascination par sa hardiesse, son franc-parler.
Sudie n’hésite pas à dire que les adultes sont des menteurs et préfère la compagnie d’animaux qu’elle soigne.
Mais Sudie fait pire encore, le plus gros des péchés : elle s’est liée d’amitié avec un homme noir, Simpson, qui habite dans un endroit caché pas très loin de la ville.
Si cela se savait, ce serait le drame…
Un roman fort et sensible.
On s’attache très vite à Sudie, à son esprit vif qui cherche à comprendre quand elle découvre les failles de la société dans laquelle elle vit, l’absurdité du racisme et de la violence qui en résulte, Sudie qui n’a jamais eu avant Simpson d’adulte avec qui parler ou quelqu’un qui lui montrait de l’affection.
L’écriture à hauteur d’enfant traduit bien l’atmosphère de l’époque et le ressenti de Marie-Agnès qui subit le poids de l’obscurantisme religieux de sa communauté.
Un très bon roman paru une première fois en 1986.
Un coup de cœur d’Opalivres ♥ !
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