BANDE DESSINEE- Dès 13 ans
d’Eric LIBERGE
Editions Dupuis – 14,95€
Septembre 1939. Louison , un jeune garçon étrange et amnésique est passionné par les armes depuis qu’il a lu un livre sur la préhistoire et sur la chevalerie.
Il entretient d’ailleurs des dialogues imaginaires avec les héros de ces livres.
Rejeté par les autres enfants de son pensionnat parce qu’il parlait allemand pendant son sommeil, il est placé dans une famille d’accueil, mais ne tarde pas à fuir en quête d’indices sur son identité et trouve refuge dans un campement de gitans …
Pendant ce temps, la mobilisation oblige Etienne Murol, un artiste à quitter l’académie des beaux arts de Vienne pour Paris.
Ses amis qu’il retrouve sont scandalisés de le voir fasciné par l’expérience qu’il a vécue, par les rencontres qu’il a faites, par son discours empreint de légendes nordiques aux relents fascistes…
La drôle de guerre, l’exode, « sur les routes, tout n’est que chaos » et le destin font se rencontrer l’enfant et l’artiste aux « heures les plus sombres de l’Histoire » …
Si la trilogie dont cet album est le premier tome a pour thème la guerre, la dictature, le fanatisme, et leurs conséquences, l’engrenage de la violence, c’est aussi à une réflexion plus universelle et intemporelle qu’il nous invite sur la nature humaine et les rapports de chacun face à sa conscience dans une telle situation, quand tous les codes moraux ont disparu : le courage des uns, la lâcheté des autres.
… « Je comprends bien qu’à travers le nazisme, tu veuilles aussi parler du présent, car aujourd’hui on connaît toutes sortes de formes d’extrémisme, le pire est effectivement de s’en accommoder » dit d’ailleurs Pierre Liberge, père de l’auteur, mais aussi celui dont les écrits sur cette époque qu’il a vécue nourrissent le récit.
L’atmosphère sombre et inquiétante qui s’installe, l’effondrement de la société, le chaos qui règne sur les routes et dans les esprits, la grisaille .. Tout est magistralement restitué .
Si les actualités cinématographiques, les chansons, les discours politiques et de propagande raciale anti-juive qu’Eric Liberge a intégrés à son scénario lui donne une grande force de réalisme, c’est la mise en scène de l’image qui est absolument époustouflante, le dessin est superbe, les cadres des vignettes explosent, mêlant réalité crépusculaire et fiction onirique et créant des chocs émotionnels forts.
C’est remarquable !
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