ROMAN – Dès 14 ans
de Marie-Aude MURAIL
Éditions L’école des loisirs – 17€
Ne le dire à personne est bien difficile : quand on est à bout de souffle, reste le psy…
A la manière d’un diable boiteux moderne, ce roman nous livre les secrets de gens comme nous, à la vie faite de hauts et de bas.
Bonne idée que de nous greffer dans la peau d’un thérapeute antillais – Sauveur Saint-Yves – veuf, installé à Orléans, beau gosse et père d’un petit Lazare très futé !
De quoi se régaler, en voyeur, avec rire et compassion.
D’abord, l’attitude professionnelle, très humaine du psy en consultation.
Parallèlement, notre privilège : les pensées non déguisées de l’homme et ses distractions car il est lui-même en proie aux aléas de sa vie trépidante mais solitaire.
Évidemment, l’échantillon des confessés, dans sa diversité, nous donne le spectacle de la comédie humaine, du dérisoire au poignant en passant par la thérapie d’un groupe caricatural réunissant tous les choix chaotiques de notre époque.
Et les enfants souffrent… mais le psy veille…
Celui qui va bien, c’est son fils.
Le petit filou glane derrière la porte interdite des bribes de confidences et des termes compliqués stupéfiant la maîtresse.
Sa vision du monde, ses réflexions sur les uns et les autres, sa vitalité ajoutent à l’histoire le charme d’un enfant somme toute heureux.
Et l’action ? No problem !
Aux péripéties dues à l’évolution des patients, s’ajoute la menace d’une vengeance venue du passé à la Martinique et l’obligation que Sauveur s’est faite d’expliquer la mort de sa mère au petit garçon.
De quoi alimenter le second tome pour notre bonheur, sûrement…
Il faut dire qu’ici le plaisir est double. Dans ce jeu de stratégie qu’est une intrigue réussie, chaque personnage est soigneusement mis en place pour jouer un rôle inattendu à un moment prévu par l’auteur mais surprenant pour le lecteur qui croyait innocemment pouvoir deviner l’avenir.
L’écriture, quant à elle, profite de la dynamique d’une histoire parfaite pour utiliser tous les registres.
Au grand orgue, maître Murail exécute la partition avec virtuosité : voix branchée-ado, solo contrôlé d’enseignante, continuum de la bavarde, silence sournois de l’inconnu… pour quel final ?
A suivre…
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