ROMAN – Dès 14 ans
De Siobhan PARKINSON
Éditions L’école des loisirs – 15.50 €
Un adolescent de 14 ans, Jonathan, a pris en charge sa petite sœur plus jeune depuis que les parents séparés ne s’occupent plus d’eux.
Le père a refait sa vie. La mère est devenue alcoolique.
Les choses ne vont pas trop mal grâce à la tendresse mutuelle du frère et de la sœur et à l’aide de leur grand-mère… mais celle-ci décède.
Le garçon, à force de ruse, a réussi à cacher la situation ; il pense ainsi éviter d’être séparé de Julie.
Quelle raison de vivre lui resterait-il si on le mettait en foyer et elle dans une famille ? Au collège comme à l’école on ignore donc la réalité, mais un soir sa mère blesse gravement la petite fille.
Pourquoi lire cette histoire si elle se contente de développer un thème devenu récurrent dans la littérature pour la jeunesse, actualité oblige ?
Dans la première partie. Jonathan raconte comment il a fait face à l’urgence.
Nous sommes « in », dans l’action avec lui, partageant ses soucis, admirant son énergie doublée de la beauté d’une douceur attentive.
La maturité imprègne l’explication que l’aîné donne de ses propos et de ses gestes envers l’enfant.
Le passé émerge peu à peu, parfois drôle et heureux.
Autour du roman d’amour fraternel que nous lisons, « Jono » fait part des difficultés propres à son écriture, intercale ses réflexions sur le comportement des gens, nous interpelle, tant et si bien que, conquis par ce jeune homme décidément sympathique, nous pensons que sa décision de fuguer à deux n’est qu’un faux pas : il est si jeune !
Nous vivons et grelottons avec eux : 48 heures et il se réfugiera chez le père qui les accueillera.
On espère être à l’aube d’un apaisement mérité.
Las, nous identifiant à Jonathan, nous étions dans le subjectif : l’auteur brise le miroir d’un coup de théâtre désespérant.
Le meneur de jeu de la deuxième partie est un agent de police, professionnel objectif qui enquête sans état d’âme.
Pas de transition : nous voilà dans le crépuscule sordide d’un commissariat, sans père ni mère et face à un personnage glauque de roman policier aux propos confus.
Spectateurs de son équipée, troublés par les doutes instillés au cours de l’interrogatoire, nous nous demandons ce qui nous a été caché dans les blancs des pages 57/58.
On suspecte l’être limpide de dualité. Ce lien admirable avec sa sœur n’était-il qu’une façade ?
Feint-il d’ignorer la part de violence, transmise par le père, qui semble l’avoir submergé, serait-il psychotique ? Est-il un criminel ?
C’est une toute autre réalité que l’on découvre, laide à pleurer… nous sommes « out » et même K.O.
Par cette volte-face, S.PARKINSON a su renouveler l’angle d’approche d’une situation romanesque devenue classique ; elle ménage aussi une fin ouverte en ne sous estimant pas le rôle de la psychologue-assistante sociale dont le soutien sans faille va permettre à Jonathan et Julie d’être enfin heureux, on y croit… comme elle a cru en lui. (Précisons qu’en France un avocat serait présent).
Un beau roman surprenant grâce à l’habile duplicité de l’auteur.
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