BIOGRAPHIE – Dès 13 ans
par Sylvie DODELLER
Éditions L’école des Loisirs – Collection (Medium Poche ) – 6,80€
Sylvie Dodeller entraîne cette fois nos jeunes lecteurs dans les pas de Jean de La Fontaine, homme libre, libertaire, dilettante, poète de son état qui a fait serment de suivre les chemins vertigineux des plaisirs de l’esprit et dont la vie comme l’œuvre s’inscrivent avec génie dans le refus de l’emprise des dévots et du conformisme d’un absolutisme royal qui a fait de la culture classique un pilier de l’ordre social et politique.
Il en résulte un ouvrage à petit prix passionnant et documenté tout à la fois manuel d’histoire, biographie et traité de littérature, qui porte un regard neuf sur un auteur que les manuels ont trop souvent enfermé dans un académisme sclérosant.
Chaque étape de la vie de Jean est une plongée documentée dans le quotidien d’un XVII siècle dans les réalités duquel il va faire son chemin.
Chez les La Fontaine on est drapier de père en fils et grâce à la dot de l’épouse on achète une charge héréditaire de Maître des Eaux et Forêts de peu de rapport mais qui met sur le chemin de la notoriété.
Voilà Jean au Collège.
Dans ce monde de garçons où tout est latin, notre héros se hâte avec lenteur et se passionne pour les fables surtout celles d’Esope, l’esclave grec.
Il porte peu d’intérêt pour l’apprentissage de sa charge qui lui laisse le temps de la lecture ( Don Quichotte, Malherbe, Virgile mais aussi l’ Astrée d’Urfie…).
Il s’imprègne des réalités d’une société rurale dont la richesse du vocabulaire va nourrir sa démarche poétique en gestation.
En bon fils de famille, il achète ses diplômes de droit en payant un souffleur.
Il est tenté un temps par la sérénité des Oratoriens dont il sera exclu pour avoir raillé dans ses écrits ses voisins de prière (déjà ! ).
A Paris, son véritable lieu de formation est le cabaret où l’on fait tout, y compris servir des repas !
Là, il retrouve ses amis écrivains « les Chevaliers de la Table Ronde ».
Là, on ferraille à coup de citations… On trinque à Marot, Voiture ou Ronsard…. ».
On rêvait pour lui de carrière…. il prend les chemins vertigineux de l’esprit et décide de vivre de son art.
Piètre mari et grand dilettante dans sa charge de Maître des Eaux…. La nécessité s’impose à lui.
Le voilà qui intègre « la dream team » de l’ambitieux Fouquet et met sa poétique au service de la communication du Prince auquel il restera toujours fidèle en s’exposant à la vindicte du roi et de Colbert qui le tiendront toujours à l’écart des faveurs de la cour.
C’est de son seul talent qu’il tiendra sa notoriété à défaut de la fortune.
Voilà venu le temps des contes coquins, licencieux, grivois ou
« inconvenants avec raffinement » et la foudre des dévots comme vecteur de promotion de ventes qui se font sous le manteau.
Voilà venu le temps des fables rééditées quarante fois pour la fortune de l’imprimeur et la gloire du « Bonhomme Jean « qui rejoint Racine, Molière et Boileau au Panthéon des poètes de l’époque sans la reconnaissance royale….
Il fait aimer les fables :
– en se libérant de la dictature d’un classicisme hissé au rang d’une culture d’Etat…
– en se libérant du carcan des alexandrins pour jouer de la musicalité des vers libres…
– en donnant une dimension poétique aux termes techniques qu’il a acquis dans la charge dont il a hérité…
– en inscrivant les réalités du siècle dans le monde des fables et des contes…
Autant d’éléments d’une querelle des Anciens et des Modernes qu’il argumentera lorsque élu à l’Académie française il succédera à Colbert qu’il remerciera ironiquement en disant « qu’il aimait les Lettres et les avait favorisées autant qu’il avait pu…. »
Cet excellent ouvrage est complété par une série de 10 questions qui devraient nourrir la curiosité du jeune lecteur.
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