ROMAN – Dès 14 ans **
écrit par Julie ISRAËL
traduit de l’anglais (USA) par Alice MARCHAND
Éditions Casterman – 16 €
Les hasards de l’édition proposent ce mois-ci au public français JUNIPER alors que « Ma chère sœur » (présenté sur ce site) vient de paraître. Il s’agit dans les deux cas, pour une jeune fille, de survivre au décès brutal de celle qui l’accompagnait au quotidien dans la complicité ou l’affrontement, par le partage de rires ou de pleurs. On ne peut donc éviter de comparer ces romans complémentaires qui traitent différemment le sujet : l’écriture elle-même, le profil psychologique de l’héroïne, celui de ses parents, le contexte sociologique voire géographique s’opposent pour cerner la même irrémédiable vacuité.
D’un côté l’austère repli sur soi et l’arrêt des études, de l’autre la quête extravertie de liens affectifs, coûte que coûte, au sein de la vie collective d’un typique lycée US.
Là un abandon des activités musicales passées, ici la permanence revivifiée des mêmes loisirs car Juniper ne jalouse pas sa sœur mais l’admire.
Les jeunes filles ont en commun de regretter un fait que l’on découvrira et l’idée de combattre le chagrin par l’écriture intime : pour la norvégienne des messages adressés à la morte sur face book, pour l’américaine des fiches quotidiennes secrètes perpétuant un conseil autrefois donné par sa sœur pour l’aider à trouver l’optimisme. Elle s’oblige par fidélité à noter chronologiquement le bilan positif/négatif du jour.
Perdre une fiche va enclencher les événements. La trame du livre reprend celle qui assure le succès de nombreux premiers romans venus d’outre atlantique.
Bien que gravitant autour d’un sujet d’actualité à cause de la violence qui envahit nos vies, la dynamique tient au fait que l’histoire intègre la pression (amicale ou non) exercée par le groupe sans lequel l’héroïne n’évoluerait pas car c’est de résilience qu’il s’agit essentiellement.
La valeur reine d’une société va changer le malheur dont les effets sont universels en reconstruction de soi. Les deux livres s’appuient en effet sur une analyse comparable du vécu (les souvenirs, les objets réappropriés, le vide, les paroles maladroites ou la gêne des autres, le peu de secours venu de la religion) mais la stratégie du bonheur change tout.
La lecture du présent livre est facilitée par plusieurs bonnes idées. Deux enquêtes maintiennent l’intérêt : retrouver la fiche perdue et découvrir l’identité du garçon qu’aimait secrètement CAMI.
Chaque lecteur aura son idée sur l’homme en question… Une place est faite au rire grâce à des situations drôles et à l’humour des personnages.
Dévoiler tardivement l’origine de l’angoisse culpabilisante qui fragilise l’héroïne ; donner celle-ci en exemple à sa mère déprimée, tout cela est fort habile.
La réflexion ne manque pas de profondeur car la fin témoigne d’une certaine philosophie de la vie : la résignation devant l’impossibilité de réparer une erreur devient un viatique quand elle est assumée.
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