ROMAN – Dès 14 ans
de Pierre-François KETTLER
Éditions Talents hauts – 16€
Au matin du 7 avril 1994, lorsque des tirs se font entendre, la mère de Jean le cache dans le plafond de la maison en lui disant «Il va y avoir du bruit, des cris, ne bouge pas…. Il faut que tu vives. »
Jean a sept ans.
Cet enfant Tutsi est pris dans les tourmentes du génocide qui ravage alors son pays, le Rwanda.
Ce qu’il a vécu à cet âge-là, la découverte du massacre de sa famille et sa fuite pour quitter le pays et survivre, Jean l’écrit quelques années plus tard en France, où il a été recueilli par son oncle.
Il nous parle au nom de son père : Innocent, qui lui avait transmis ses valeurs de courage, son sens de l’honneur, sa volonté de rendre le bien pour le mal.
Il témoigne de ce monde devenu fou où l’on peut être tué par son voisin, par celui qui était son ami, un monde où le mari tue sa femme parce qu’elle n’est pas de la même ethnie.
Un livre fort qui arrive à nous faire ressentir l’indicible par une écriture usant de métaphores (sirop de maracujas pour le sang, les sacs pour les corps…) et un style percutant, rythmé par des phrases ou des mots récurrents (« Il faut que je vive »), par une alternance de paragraphes commençant par les mots “lumière” et “noir”, oscillant entre la réalité et l’imaginaire et le souvenir des jours heureux pour ne pas devenir fou.
Le choix de prendre un enfant de 7 ans comme narrateur donne un regard naïf mais fort.
Ce que lui ont transmis sa famille et son penchant pour s’enfuir dans ses rêves permet de prendre un certain recul pendant la lecture.
Le récit des atrocités subies est terriblement poignant et peut être insoutenable pour les personnes sensibles.
Mais, il s’agit bien de la réalité et l’auteur connaît bien le Rwanda pour y avoir travaillé quelques années.
Heureusement, le fait que Jean écrit en France en associant passé et présent en parlant de son amour des mots, de ses belles rencontres comme celle d’Espérance apporte une note d’espoir, de résilience même si parfois une image, une parole lui rappelle l’horreur subie.
Un livre bouleversant soutenu par Amnesty international.
Un coup de coeur d’Opalivres ! ♥
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