ROMAN – Dès 14 ans **
De Gilles ABIER
Éditions Talents Hauts – 8 euros
Axelle a dix-sept ans et vit à St Pierre de Landon un patelin du Tarn-et-Garonne. Il y a trois ans, un drame terrible s’est déroulé. Son frère ainé Martial a été retrouvé le corps criblé de balles derrière une grange.
Tué par son meilleur ami, Bastien un garçon du village pour lequel elle avait à l’époque, un petit béguin.
Depuis les deux familles sont bouleversées. Le jugement n’a pas permis d’éclairer les motifs de l’assassinat mais l’assassin a été condamné à une lourde peine, la réclusion à perpétuité assortie d’une période de sureté de 22 ans.
La maman du tueur qui vit seule est boycottée par tout le village, et tente courageusement de continuer à vivre.
Axelle est murée dans sa haine et celle-ci s’exprime à travers des actes d’automutilation non réprimés par ses parents, trop aveuglés eux-mêmes par leur chagrin.
La grande soeur d’Axelle est la seule à réagir aux excès et dérives de la cadette de la famille… même si à l’annonce du meurtre elle a stoppé net ses études.
L’auteur débute la narration de l’histoire à un moment charnière. Nous rencontrons Axelle alors qu’elle attend l’assassin de son frère au parloir de la prison. C’est la première fois qu’elle fait cette démarche encouragée par une personne ayant comme elle, subi un gros traumatisme.
Le souffle court, les mains moites, elle revoit dans un flash-back les événements qu’elle a vécus depuis le drame. Axelle espère obtenir de Bastien une réponse aux questions qui la hantent depuis le décès, mais au fond d’elle-même elle sait bien que ce frère paré de toutes les vertus depuis qu’il est mort, n’était pas le gentil type idéalisé et sacralisé qu’il est devenu. Depuis toujours, Axelle sait sans se l’avouer pourquoi Bastien l’a tué. «Je sais que tu sais» l’exhortent sa sœur et sa conscience.
Un roman parfaitement maîtrisé qui résonne longuement et touche.
Un récit court et poignant rédigé à partir d’un fait divers et qui donne la parole à la sœur de la victime.
Plein de finesse, de sensibilité, de suspense «Je sais que tu sais» est une réflexion sur le non-dit, le secret, le deuil, le pardon, la reconstruction.
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