ROMAN – Dès 14 ans
de Jean-François CHABAS
Éditions Talents hauts – Collection (Les héroïques) – 16€
A 102 ans, il est temps pour Bagaa McKensie de témoigner et de parler de sa rencontre avec les géants et leur tribu fantôme…
Mais avant il lui faut aussi raconter son histoire et comment tout cela est arrivé…
Bagaa est née en 1918 d’un père irlandais et d’une mère Yamaji, l’une des tribus aborigènes d’Australie.
Son père est allé mourir en France dans les tranchées, avant sa naissance.
Partout,pour tous, cette époque était « féroce ».
En Australie, tous ceux qui avaient du sang aborigène étaient considérés pratiquement comme des animaux, les mariages mixtes étaient plus que mal perçus, parfois même passibles de mort.
En se mariant avec un « mundungu »(un blanc), la mère de Bagaa avait été exclue par sa tribu. Devenue veuve dans un pays extrêmement violent avec les gens de sa race, elle était partie en suivant la côte, évitant les villages et les gens.
C’est ainsi que pendant onze ans, avant de mourir empoisonnée par un coquillage venimeux, elle avait vécu avec sa fille.
Pendant ces années, elle lui avait transmis à la fois son amour et son savoir d’aborigène pour survivre, le lien magique avec la nature et le temps du rêve et la langue anglaise qui pouvait lui être utile.
A onze ans Bagaa se retrouvait donc seule sur cette côte australienne, au cœur de paysages grandioses et désertiques, où le danger était partout.
En plus de serpents ou des araignées sur terre, des requins ou des méduses dans la mer, il y avait aussi la faim, le besoin d’eau douce…
Et plus que tout, il y avait l’hostilité des mundungus…
Pour survivre, il lui a fallu se battre…
Du courage et de la volonté, du haut de ses onze ans, Bagaa, n’en manquait pas.
Contrairement à ce que lui avait dit sa mère avant de mourir, elle avait décidé de poursuivre son chemin sans rechercher la présence des hommes…
Le lien qui allait se créer avec une femelle Dingo qui la suivait, romprait heureusement sa solitude…
C’est alors qu’elle avait rencontré Wan, le géant ou plutôt que Wan l’avait trouvée, lui qui la cherchait et affirmait qu’elle était« le témoin » attendu par sa tribu…
Comment était-ce possible ? Il ne l’avait jamais vue !…
Une fois de plus, Jean-François Chabas nous offre un roman engagé et puissant.
Pendant des mois, il a sillonné l’Australie à la rencontre des communautés natives.
Ancrant son roman dans l’actualité, puisque Bagaa écrit au moment de la pandémie liée au coronavirus, il nous le rend d’autant plus proche et plus fort.
Son écriture remarquable à laquelle il intègre des mots aborigènes a des accents épiques.
Elle nous emporte dans un univers magique où l’on nage avec les raies manta, chevauchant les tortues, mais où tout est menace et où le racisme est exacerbé.
A travers le récit des épreuves et des aventures de son héroïne, il met en lumière la diversité de cette culture aborigène, sa magie, sa complexité, son lien avec la nature.
Il nous transmet la mémoire d’un peuple pacifique victime de la barbarie exercée par les envahisseurs blancs.
Un coup de cœur d’Opalivres ♥ !
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