BANDE DESSINÉE – Dès 14 ans **
Dessin : REY
Scénario : GIROUD
Éditions Dupuis – 14,50 euros
Il y a de Goya et de Stendhal dans cette bande dessinée qui déroule sa trame romanesque dans le bourbier infernal de la guerre que mène l’armée impériale, en 1806, contre le peuple
espagnol au nom des idéaux de la Révolution.
Le dessin se fait pathétique pour évoquer cette guerre asymétrique entre l’élite de la Grande Armée qui apporte la liberté à coup de canons et le petit peuple des péons qui se bat pour sa
terre.
C’est le peuple qui monte au feu mais c’est une noblesse en décomposition et un clergé ambigu qui redoutent que le sabre de jeunes « Libertadors » ne rentre au fourreau qu’une fois les réformes
lancées.
Dans cette confusion, le cynisme des uns vise à ne rien moins que voler la victoire des autres surtout quand les destins personnels se fondent dans la tourmente de l’Histoire.
Voilà Angel le libertador héros du peuple et Pilar son alter ego féminin compagne de combat qui sait lui rappeler, le cas échéant, que le machisme espagnol n’est pas une valeur de progrès.
Angel doit à une protection particulière du clergé d’avoir reçu une éducation bien supérieure à sa condition.
Voilà Hilaro, son père violent, qui se dit fort de pouvoir monnayer le secret de sa naissance.
Voilà Hermanito sa mère, une femme battue, qui lui refuse la vérité.
Voilà Consuelo, sa sœur qui se console avec un militaire français et Diégo le mari qui la néglige et qui va essayer de vendre le secret de sa naissance.
Voilà Miranda, l’Aristo, sensible à l’élocution, au charme, au maintien et au savoir qui transparaissent derrière le langage patriotique et révolutionnaire du « Libertador »
Tous les hommes de pouvoir redoutent que ce chef de guerre auréolé d’un fait d’arme exceptionnel puisse rallumer la révolte des péons.
Dès lors, Alvaro l’espion-tueur est engagé pour espionner et tuer notre héros.
De manipulations en manipulations, ceux qui sont susceptibles des percer le secret de sa naissance meurent les uns après les autres et si Angel enflamme l’élan patriotique et se révèle grand
stratège, la gloire de la victoire ne lui revient jamais…et le secret de sa naissance se dérobe toujours.
Au soir de la liesse populaire qui célèbre la victoire du peuple, c’est le pistolet du tueur qui menace notre héros…
On attend le deuxième tome avec impatience !
On recommandera cette excellente BD à de grands collégiens.
Elle vaut par :
– la qualité de l’évocation historique de cette guerre napoléonienne dans une Espagne ambiguë.
– les ressorts d’une intrigue romanesque qui met aux prises des héros stendhaliens épris d’idéal et de gloire avec le pouvoir cynique d’une caste aristocratique à bout de
souffle.
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