ALBUM – Dès 14 ans
De DEDIEU
Éditions du Seuil– 18€
« Il n’y a plus de mots pour décrire ce que je vois ».
Voilà ce qu’écrit Gustave dans la dernière lettre qu’il adresse à Solange depuis le front.
Là où les mots sont impuissants, Dedieu en appelle à la force du dessin et en quelques pastels sepia qu’il hisse au rang des eaux fortes nous fait pénétrer dans l’enfer halluciné de la Grande Guerre :
– soldats terrés
-poux monstrueux
-monstres mécaniques
-lapins effarés
-souffles meurtriers
-noirs chacals
-monstres masqués qui chargent des squelettes errants
-chevaux impavides
– faces de guerriers altiers qui se changent en gueules cassées…
Et là- bas, au pays, Adèle:
– qui interprète les silences à travers le spectacle de ceux qui rentrent en morceaux
-qui conte la difficulté quand les bras manquent à la ferme
– qui comprend que la patrie ait besoin de héros
– mais qui crie son besoin de lui…vivant !
En deux courriers et avec la force du dessin tout est dit sur la Grande Guerre !
On ne saura pas l’issue de cette dramaturgie…
L’album se ferme de façon dérisoire et pathétique sur une photo de Gustave, un certificat de bonne conduite daté de 1920 et deux médailles militaires… !
Coup de cœur pour cet album sur la Grand Guerre qui dit tout, et dont la lecture semble tenir le temps d’une minute de silence, de celle que l’on consacre chaque année à la mémoire des hommes et femmes, aïeux de nos élèves de troisième à qui nous destinons ce bel album…mais dont l’écho résonne longtemps encore après qu’on l’ait refermé…
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