DOCUMENTAIRE – Dès 11 ans
de Yvan POMMAUX
Éditions L’école des loisirs – 19,80€
Plus qu’un ouvrage jeunesse de plus sur la guerre de Troie, c’est le récit de l’engrenage infernal qui entraîne hommes et dieux, femmes et déesses vers la « mère de toutes les guerres » que nous propose Yvan Pommaux dans cette remarquable bande dessinée.
L’épisode du Cheval et de la ruse d’Ulysse est ici presque anecdotique.
Dérisoire, le jeu d’Aphrodite qui pour être la plus belle au jeu de la pomme donne Hélène la plus belle femme du monde et épouse de Ménelas à Paris, fils de Priam et roi de Troie.
Ce qui donne le prétexte à une guerre sans fin.
Les dieux s’affrontent en se mêlant aux jeux des hommes, les hommes en appellent à la duplicité des dieux pour l’emporter.
Le père de deux enfants d’aujourd’hui se fait Homère, l’aède récitant de ce poème épique.
Le ton est celui de l’épopée.
Il est question de « rivières de sang », « de guerriers redoutables qui fauchent les hommes comme l’on fauche les blés », « d’immenses clameurs et d’effroyables mêlées ».
A chaque phase du récit et comme par l’enchantement d’un clic sur une tablette, voici le dessin comme un véritable arrêt sur l’image.
Il y a comme une fixité dans le mouvement.
Le dessin est précis, les couleurs sombres ou grises avec toujours le détail qui souligne le tragique du moment, le pathétique des personnages et le dérisoire de leur destin aux prises qu’ils sont avec leurs contradictions :
– Hélène qui pleure sans conviction sur les ravages de sa trop grande beauté alors qu’elle est déchirée entre l’amour et la passion
– Agamemnon, seigneur de guerre pour qui tout fait proie
– Achille le héros guerrier qui refuse de combattre pour une histoire de femme (encore une !)
– Paris le désinvolte et Hector l’homme de devoir
– le pathétique Priam qui force l’admiration
Et toujours les dieux qui donnent un coté dantesque aux événements quand le fleuve Scamandre se venge d’Achille en refusant les morts ou arrêtent le jour quand l’issue de la bataille ne leur convient pas.
Il y a les paroles prosaïques, banales parfois à la limite de la vulgarité comme si les acteurs n’étaient que des automates comme dans les « DS » des enfants d’aujourd’hui…
Voilà un ouvrage intéressant mais difficile où le texte du récitant prime le dessin et la parole des acteurs.
Où l’engrenage dérisoire de la guerre prime sur l’épopée guerrière.
Avis
Il n’y a pas encore d’avis.