PHILOSOPHIE – Dès 11 ans *
d’Anne WAELES
illustrations de Magali DULAIN
Editions Les petits Platons – 16€
C’est sous la forme d’un conte qu’Anne Waeles a choisi de nous faire entrer dans la pensée philosophique de Simone Weil et des leçons qu’elle a tirées de ses expériences sur le terrain.
Nous découvrons ainsi le royaume des Oublieux où vivent séparées deux tribus : celle des Mains qui se distinguent par leurs grosses mains et celle des Têtes par leurs grosses têtes. Les Mains ont pour seule fonction d’exécuter les décisions des Têtes.
Le roi qui veut des sujets libres pour le royaume et la guerre, s’emploie à les libérer de toute attache (famille, culture, Histoire, relations en tout genre…) par la production et la consommation. Il charge la brigade de la Gomme d’effacer tout ce qui le dérange…
Mais ce roi a aussi une fillette Amal, très curieuse. Quand elle entend un jour que certaines Mains ont entamé une grève et ne veulent plus rien produire, elle veut comprendre pourquoi.
Elle entame un voyage en terre inconnue, la plaine des Mains et découvre au passage de curieuses affiches : « La machine est pour l’homme et non l’homme pour la machine », « l’argent déracine »… Ces messages sont effacés rapidement par la brigade de la Gomme…
C’est en traversant une forêt très sombre que morte de peur, elle pénètre dans ce que, nourrie par les contes, elle pense être l’antre d’une sorcière, mais qui n’est rien d’autre que la maison d’une femme appelée Simone. Celle-ci curieusement a à la fois une grosse tête et des grosses mains…
Simone va entraîner Amal à Mains-ville où elle découvrira les histoires et les rêves des Mains, que les Oublieux ont besoin de racines….
La narration fluide, les illustrations expressives rendent très accessibles la pensée de la philosophe et son humanisme qui invitent à réfléchir sur une société avec plus de justice, plus d’attention aux autres, plus de liens sociaux. Dans le royaume des attentifs qu’elle préconise, elle souhaite donner aux hommes les conditions pour s’intégrer (s’enraciner) dans la société et mettre en avant la devise : « Deux mains, une tête, un cœur ! » Une philosophie qui ne manque pas d’interpeler. Les plus curieux des lecteurs auront sans doute envie d’en savoir plus sur cette femme que Camus qualifiait de « seul grand esprit de notre temps ».
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