CONTE PHILOSOPHIQUE – Dès 11 ans
d’Eliette ABECASSIS,
illustrations de Benjamin LACOMBE
Éditions Flammarion- Jeunesse – 25€
Quand deux grands noms de la littérature et de l’illustration s’emparent d’un mythe fondateur, c’est pour en montrer toute la résonance avec notre monde actuel…
Notre monde où des hommes sèment la haine et montent les religions les unes contre les autres…
Notre monde où nous devenons esclaves de nos machines qui sont en passe de penser et d’agir pour nous…
Notre monde où les plus riches rêvent d’immortalité…
C’est une vieille dame un peu alchimiste, un peu sorcière qui nous raconte ce qu’elle a vécu enfant au XVIème siècle à Prague.
Fille d’alchimiste, Zelmira découvre par hasard les pouvoirs du Maharal, le grand rabbin de la communauté juive. Fascinée, en cherchant à le revoir, elle assiste à sa création du Golem, cet être fait de boue, mais aussi une arme indestructible pour défendre le peuple juif contre ceux qui lui veulent du mal.
La communauté juive de l’époque est menacée d’extermination par le moine Thadée, conseiller de l’empereur Rodolphe II.
Dès lors, chaque jour, Zelmira s’installe près du Golem, le regardant et cherchant à nouer une relation avec lui. Le géant de boue, sans conscience, reste placide et ne réagit pas.
Mais le moine Thadée n’a pas dit son dernier mot et prépare sa vengeance.
Devant ce qui se prépare, le Maharal cherche à rendre sa création plus intelligente avec le risque qu’elle lui échappe…
Quand le conseiller enlève la fillette, pour l’échanger contre le Golem, l’être de boue s’humanise mais échappe à son créateur…
Eliette Abécassis nous plonge dans une société en pleine mutation où les avancées scientifiques sont nombreuses, mais en butte à l’obscurantisme de ceux qui profitent de la faiblesse des dirigeants et attisent les peurs et la haine, par crainte souvent de perdre leur pouvoir.
Elle nous invite à une réflexion philosophique sur les relations de l’homme et de la machine, sur la liberté, la tolérance, l’engrenage de la violence.
Le texte est magnifié par des illustrations d’une grande force avec des doubles pages en couleur qui créent l’atmosphère et des dessins en noir et blanc.
Cette alternance apporte à la fois de la gravité, de la peur, du mystère mais aussi de la tendresse et de la poésie.
Ajoutons une mise en page très raffinée avec des chapitres annoncés par des doubles pages noires…
Tout contribue à faire de cet album un coup de cœur !
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