BANDE DESSINÉE – Dès 12 ans
Scénario et dessins de Simon SPRUYT
Traduction de Laurent BAYER
Éditions Le Lombard – 19,99 €
A défaut d’inscrire « Guerre et Paix » dans une BD, Simon Spruyt emprunte à Tolstoï le personnage du « Tambour de la Moskova » qu’il met au centre d’un somptueux roman graphique.
Le sémillant gamin, fan de l’Empereur, militaire par hasard, « chou-chou » protégé de ses compagnons d’armes est devenu un vieil homme fatigué qui vit en Russie et livre le récit de sa jeunesse…
La suite est la mise en scène par le graphisme et le recours à toutes les subtilités des aquarelles d’une tragique descente aux enfers et des tribulations d’une gueule « d’ange » aux prises avec la face sombre du rêve impérial et la grandeur du peuple russe qui résiste en se dérobant.
Dans cette épopée en marche, le jeune lecteur et le moins jeune découvriront que notre jeune héros ne dut son salut et sa survie qu’à son habileté à se dérober aux affectations périlleuses, à son opportunisme voire à une certaine forme de lâcheté !
1860 Borodino en Russie, Léon Tolstoï se documente pour son livre « Guerre et paix » et s’entretient avec un ancien tambour de l’armée napoléonienne : Vincent Bosse.
Ce vieux monsieur raconte en toute franchise son histoire lors de la Campagne de Russie menée par Napoléon.
Enrôlé tout jeune, il se voit confier le poste de tambour et en toute innocence, dès 1812, il accompagne la grande armée en Russie.
Au son de son tambour, Vincent Bosse découvre les horreurs de la guerre.
Toutefois par des concours de circonstances et à cause de sa « gueule d’ange », Vincent Bosse échappe à ces tueries, ces atrocités mais il n’était pas spectateur, il était au cœur de l’action.
Devenu vieux, Vincent Bosse se sent coupable d’avoir survécu et s’interroge : serait-il un lâche, un profiteur ?
Simon Spruyt imagine une rencontre entre Léon Tolstoï et Vincent Bosse, un personnage secondaire du roman « Guerre et paix ».
Ces entretiens dénoncent la folie de cette guerre lancée par Napoléon : 250 000 soldats s’affrontent, 75 000 sont tués.
Ils permettent également de réfléchir sur le sens de ce conflit, et des conflits en général…
De quoi peut-on être fier : de se faire tuer au nom d’on ne sait quelle folie ou de rester en vie, en harmonie avec les hommes ?
Est-il nécessaire qu’une paix repose sur un charnier ?
Ces réflexions sont portées par d’étonnants dessins aux couleurs aquarellées.
Quelquefois très précis, quelquefois noyés de brume dans les moments de violence où tout se mélange et rien n’existe plus que l’ivresse de la bataille et l’odeur du sang, les personnages, la guerre, les atmosphères, les sentiments sont rendus de façon très vivante et réaliste.
Les quatre premières pages en sont une superbe illustration :
Du départ d’une armée fraîche et très confiante en elle à l’horreur de l’affrontement sanguinaire et à l’effroi de Vincent Bosse qui découvre cette dure réalité, le souffle de l’épopée est partout présent…
C’est splendide, envoûtant et terrible à la fois !
Une réussite graphique digne de Tolstoï !
Un coup de cœur d’Opalivres ♥ !
Avis
Il n’y a pas encore d’avis.