Le berger et l’assassin ♥

ALBUM – Dès 12 ans 
écrit par Henri MEUNIER
illustré par Régis LEJONC
Éditions Little Urban – Collection (Albums grand format) – 15.50€

Cet album très grand format réjouira les amoureux de la montagne, pour peu qu’ils soient un peu philosophes et qu’ils apprécient les histoires de rencontres improbables.

Pas de temps, pas de lieu précis…
Ce pourrait être pendant la seconde guerre mondiale, mais aussi n’importe quand dans un pays où des extrêmes sont arrivés au pouvoir.

L’histoire commence dans une bergerie de montagne, un peu à la manière d’une pièce de théâtre, par un dialogue entre deux hommes dont on ne connaîtra pas le nom.
Ils resteront pour le lecteur : le berger et l’assassin…

Le berger  est en train d’extraire une balle de la cuisse de l’assassin et lui parle de sa montagne.
Mais l’assassin est aux abois et sa peur d’être dénoncé le rend inquiet et agressif…

Le berger ne le juge pas et ne veut aucun détail…
C’est un homme sage.
Quand l’assassin lui dit : « Demain, tu me feras passer la montagne », il lui répond pour expliquer ses réticences  « Qui que tu sois, la montagne est plus dangereuse que toi »…

Il connaît  ses dangers, mais s’il mène une vie solitaire, il sait aussi ce qu’il se passe dans la vallée et n’apprécie pas l’ordre totalitaire qui y sévit …
Il a compris qu’avec la venue de l’assassin, son refuge ayant été forcé, il  n’y sera plus jamais à l’abri…

Le temps est venu pour lui de faire un choix : monter vers l’inconnu et aider l’homme à passer la montagne ou descendre le livrer aux miliciens…

Nous suivons le cheminement de la situation et l’évolution de la relation entre les deux hommes…

Un texte très fort, une belle écriture  d’une grande portée humaniste où l’on perçoit des gestes d’une extrême douceur qui répondent à d’autres d’une extrême violence qui sont, eux, suggérés.
La montagne y joue un personnage à part entière.
Son mystère et sa rudesse sont parfaitement rendus par les illustrations magistrales de Régis Lejonc, cet ancien jeune montagnard des vallées  qui nous dit en fin d’album: « A travers cette histoire, j’ai ainsi pu rendre l’hommage que je souhaitais à la montagne ».

Cette montagne avec ses pics qui cachent l’inconnu, ses parois brutales, le vent glacial qui y souffle, cette montagne qui a forgé le caractère trempé du berger apparaît pourtant plus hospitalière que « les abymes » dans lesquels sont tombés les hommes avec le fascisme.
Beaucoup de non-dits invitent à la réflexion du lecteur.

Un grand album par son format et sa portée ! Un coup de cœur d’Opalivres ♥  !